Politique

Ouahbi : « J’ai pris mes distances avec la majorité, et Akhannouch mon seul interlocuteur »

Lors de son intervention sur Medi 1 TV hier mardi, le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi a déclaré avoir pris ses distances avec la majorité gouvernementale, ajoutant que son seul interlocuteur est le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.

Le ministre a ajouté qu’il discute des questions relatives à son ministère avec le chef du gouvernement, sans aborder les préoccupations de l’ensemble de la majorité. Evoquant la situation du dirigeant du PAM, Abou Ghali, Ouahbi a souligné que le barreau ne constituait pas un tribunal d’inquisition. En outre, selon lui, Abou Ghali sera évalué lors de la réunion du Conseil national, qui décidera de sa situation.

Par ailleurs, le responsable gouvernemental a déclaré avoir entendu de la part de certains ministres que des changements au sein du gouvernement étaient imminents, tout en confirmant qu’il accepterait les décisions qui seraient prises à cet égard. Ce dernier n’a pas hésité à qualifier de « déplorable » sa relation avec Abdelilah Benkirane, l’ancien secrétaire général du Parti de la justice et du développement.

D’autre part, Le ministre a formellement rejeté toute ingérence dans le système judiciaire, répondant ainsi aux débats entourant le projet de loi relatif au Code de procédure civile.

Ouahbi a précisé qu’il avait rencontré les avocats et leur avait présenté une ébauche du projet de procédure civile. Ces derniers ont ensuite soumis une note. En réponse à leurs critiques, Ouahbi leur a rétorqué : « Que signifie vous consulter ? Dois-je exécuter chacune de vos requêtes ? Ou dois-je négocier avec vous, accepter certaines propositions et en refuser d’autres ? »

Le ministre a souligné que quatre points étaient en désaccord avec les avocats, dont deux font actuellement l’objet d’un débat approfondi au sein de la Chambre des conseillers, où des remarques ont été émises, notamment sur la question des amendes judiciaires.

« Mon dialogue autour de la réforme des projets de lois a été ouvert, » a affirmé Ouahbi. « J’ai discuté avec les avocats, les autorités judiciaires, le parquet, les différents ministères ainsi que le Secrétariat général du gouvernement. »

Selon Ouahbi, le projet de Code de procédure civile ne date pas d’aujourd’hui : « Cela fait 30 ans que ce texte évolue ; chaque ministre y a apporté des ajouts successifs, jusqu’à ce que nous atteignions la version actuelle. C’est un dialogue continu, et non une initiative récente. » Il a ensuite posé une question cruciale : « Mettons-nous en place une loi au service du citoyen ou au service des professions ? »

Conscient du poids historique de cette législation, en vigueur depuis plus de 50 ans, Ouahbi a admis que « le changement est ardu… les gens s’opposent souvent à ce qu’ils ignorent. »

Le ministre a levé le voile sur une partie de cette opposition, la qualifiant de légitime, en raison des craintes pour l’avenir. Toutefois, il a clarifié que cela ne concernait pas une méconnaissance des avocats sur les lois, mais plutôt leur appréhension quant à l’application future de ces textes. Ouahbi a insisté sur le fait qu’il s’agissait de procédures, d’interprétation des textes et d’une question de jurisprudence.

Défendant ses décisions visant à réformer le système judiciaire, Ouahbi a déclaré : « À un moment donné, il faut prendre des décisions. Nous ne pouvons pas, en 2024, continuer à appliquer un Code de procédure civile dépassé, alors que nous sommes entourés de révolutions technologiques et médiatiques. »

En outre, Ouahbi a conclu en affirmant que sa gestion de ce dossier est guidée par son sens des responsabilités, non par sa carrière d’avocat. Il a réitéré que sa priorité n’est pas de servir les intérêts des professionnels, mais bien ceux des citoyens et de l’État.

« Je m’emploie à corriger les déviations que je constate dans le Code de procédure civile, lesquelles nuisent à la bonne administration de la justice et à l’accès des citoyens à celle-ci. La lenteur des audiences et les lois redondantes en sont des exemples. Ce que le citoyen recherche, c’est une justice rapide ; une justice retardée n’est plus une justice. » a conclu le ministre.

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