Économie، Société

À l’horizon du Mondial, Sekkouri dévoile un ambitieux plan de bataille contre le chômage

C’est un rendez-vous avec l’histoire que le Maroc s’est fixé. Alors que le Royaume se prépare à co-organiser la Coupe du Monde 2030 aux côtés de l’Espagne et du Portugal, Younes Sekkouri, ministre de l’Intégration économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, a dévoilé lundi devant le Parlement une vision économique tout aussi ambitieuse que l’événement sportif lui-même.

Un objectif chiffré et un horizon symbolique

« De 13,3% à 9% » – ces chiffres résonnent comme un mantra dans l’hémicycle parlementaire. C’est la promesse du ministre Sekkouri : réduire drastiquement le taux de chômage national d’ici 2030, année où les projecteurs du monde entier seront braqués sur le Maroc. Une coïncidence de calendrier que le gouvernement entend transformer en opportunité historique.

« Nous voulons présenter au monde non seulement des stades modernes et une organisation impeccable, mais aussi un modèle économique et social en pleine transformation, » a souligné le ministre dans sa réponse aux questions parlementaires.

Une armada financière de 15 milliards de dirhams

Pour mener cette bataille contre le chômage, le gouvernement ne lésine pas sur les moyens. Une enveloppe colossale de 15 milliards de dirhams est mise sur la table, dont 12 milliards spécifiquement destinés à dynamiser l’investissement dans les TPE et PME, véritables poumons de l’économie marocaine.

Un milliard supplémentaire sera dédié à la préservation des emplois dans les zones rurales, particulièrementtouchées par la sécheresse, tandis que deux milliards renforceront l’efficacité des programmes existants.

L’objectif final est ambitieux : créer 1,45 million de nouveaux emplois d’ici 2030, un chiffre qui ferait pâlir d’envie bien des économies émergentes.

Huit chantiers pour une révolution de l’emploi

La stratégie ministérielle s’articule autour de huit initiatives clés, formant un édifice cohérent pour transformer le marché du travail marocain :

La renaissance entrepreneuriale – En stimulant les projets de 1 à 50 millions de dirhams via la nouvelle charte d’investissement, le gouvernement mise sur le dynamisme des petites structures. « C’est dans le terreau des PME que germeront les emplois de demain, » affirme Sekkouri.

L’inclusion des non-diplômés – L’élargissement des programmes « Idmaj« , « Tahfiz » et « Taehil » vise à créer 422.500 emplois dès 2025, avec une attention particulière à ceux qui sont traditionnellement exclus du marché du travail formel.

Le bouclier rural – Face à la menace climatique qui pèse sur l’agriculture, un dispositif spécial soutiendra les projets générateurs de revenus dans les campagnes assoiffées.

L’unification stratégique – En regroupant les politiques actives d’emploi dans un programme cohérent, le ministère espère atteindre jusqu’à 500.000 bénéficiaires annuels.

La métamorphose de l’ANAPEC – L’Agence nationale pour l’emploi verra ses missions renforcées pour devenir un véritable chef d’orchestre de l’insertion professionnelle.

La conquête féminine – Des transports améliorés, un éclairage public étendu et des structures d’accueil pour enfants permettront de lever les obstacles qui maintiennent trop de femmes hors du marché du travail.

Le rempart éducatif – La lutte contre l’abandon scolaire et l’expansion des écoles de la deuxième chance formeront un barrage contre l’exclusion professionnelle de demain.

L’adéquation formation-emploi – En alignant les cursus de formation sur les besoins réels du marché, le gouvernement entend résoudre l’éternel paradoxe marocain : des chômeurs d’un côté, des postes vacants de l’autre.

Des mesures concrètes déjà en marche

Au-delà des grands principes, le ministère a déjà enclenché une série de mesures opérationnelles : simplification administrative, réduction de moitié des stages d’insertion (de 24 à 12 mois), augmentation du soutien financier aux entreprises pour chaque apprenti (de 4.000 à 5.000 dirhams) et instauration d’une prime à l’emploi pour les TPE/PME.

Le décret n°2.25.342 du 11 avril 2025 a formalisé ce nouveau système de soutien, ciblant la création de 110.000 emplois supplémentaires.

Une nouvelle gouvernance pour piloter le changement

Pour que cette ambition ne reste pas lettre morte, un comité ministériel dédié à l’emploi suivra de près la mise en œuvre du plan. Une unité spécialisée dans l’analyse des données viendra compléter ce dispositif, permettant d’ajuster la stratégie en temps réel.

« Nous avons trop longtemps navigué à vue dans le domaine de l’emploi. Désormais, nous disposerons d’un tableau de bord précis pour guider nos décisions, » a précisé le ministre.

Un rendez-vous avec l’Histoire

En conclusion de son intervention, Sekkouri a replacé cette feuille de route dans une perspective plus large : « Cette vision n’est pas seulement économique, elle est profondément sociale et patriotique. Quand le monde entier regardera le Maroc en 2030, il verra non seulement un pays capable d’organiser un événement sportif majeur, mais aussi une nation qui a su transformer ses défis en opportunités de développement. »

Alors que le compte à rebours est lancé vers 2030, c’est une véritable course contre la montre qui s’engage pour atteindre l’objectif des 9%. Une course que le gouvernement marocain semble déterminé à remporter, avec la même ambition que celle qui anime ses Lions de l’Atlas sur les terrains de football.

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