Économie

Congrès National des Agrumes à Marrakech : une filière vitale en quête de solutions durables

La Fédération Interprofessionnelle a inauguré, ce mardi à Marrakech, les travaux du Congrès National des Agrumes, qui s’est choisi pour thème : « Les défis du secteur des agrumes : quels mécanismes d’action futurs possibles ? ».

Selon les organisateurs, le congrès vise à « aborder les défis majeurs de la filière des agrumes, à diagnostiquer la situation de cette chaîne de production qui constitue la source de revenus de plus de 13 000 familles rurales et fournit 32 millions de journées de travail dans les vergers, en plus des emplois offerts par les 50 stations de conditionnement et les quatre usines de production de jus ».

Un communiqué de la Fédération Interprofessionnelle, dont une copie est parvenue au journal « Al Omk », souligne que le Maroc produit annuellement plus de 1,5 million de tonnes d’agrumes, dont les deux tiers sont destinés au marché local et le tiers restant à l’exportation.

Le communiqué estime que cela garantit l’approvisionnement du marché national, en quantité et en qualité, avec des produits de haute qualité. Le secteur achemine plus de 500 000 tonnes d’agrumes par an vers les marchés d’exportation, contribuant ainsi à l’afflux de devises et à la réduction du déficit de la balance commerciale du pays.

Organisé sous l’égide du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts,1 le congrès a pour objectif d’étudier les moyens de faire face aux défis rencontrés par le secteur des agrumes, tels que la forte concurrence de l’Égypte sur le marché de l’orange et les obstacles à l’exportation qui ont entraîné une forte baisse des quantités exportées, affectant négativement la chaîne de production des agrumes.

L’orange marocaine a connu une baisse de la rentabilité des stations de conditionnement, qui ne fonctionnent plus que cinq mois par an environ, ce qui impacte la main-d’œuvre, sans parler du manque de matières premières dans les usines de production de jus.

La Fédération Interprofessionnelle a indiqué que les producteurs d’oranges ont été contraints de prolonger la saison jusqu’à l’été afin de continuer à approvisionner le marché local et de profiter des prix estivaux, ce qui a entraîné une surexploitation des arbres et une baisse de leur rendement lors de la saison suivante.

Le congrès s’est également penché sur la problématique de l’accès aux ressources en eau, considérant que le changement climatique et la succession des années de sécheresse constituent une menace majeure pour les régions de culture d’agrumes, à l’instar des autres filières de production agricole nationale. Il en résulte une incertitude parmi les professionnels et une inquiétude croissante face aux risques de persistance ou d’aggravation du déficit hydrique.

Le congrès a souligné que la filière de production des agrumes nécessite aujourd’hui une approche spécifique pour sa maintenance, sa préservation et son développement, et qu’une partie de la production des stations de dessalement d’eau de mer devrait être exclusivement dédiée à la satisfaction des besoins en eau potable, afin de permettre aux ressources en eau disponibles des barrages et du recyclage des eaux usées de répondre aux besoins du secteur agricole.

Parmi les problématiques soulevées par les intervenants au congrès figurent la fragmentation excessive des exploitations agricoles et la mauvaise organisation des producteurs, ce qui engendre un déséquilibre des pouvoirs en matière de négociation entre producteurs et distributeurs, perpétue la dépendance aux intermédiaires et allonge les circuits de commercialisation, entraînant une augmentation des coûts pour le consommateur final.

De plus, le Congrès National des Agrumes a mis en lumière la problématique de la spéculation au niveau des marchés de gros, appelant à une révision de la loi régissant ces marchés, d’une part, et d’autre part, à une requalification et une amélioration de la structure du secteur à travers le regroupement des ressources et le renforcement des capacités de négociation des professionnels, ainsi qu’à la réduction des coûts de production et au renforcement des infrastructures de conditionnement et de transformation des produits, sans oublier la promotion de la chaîne d’approvisionnement et de transport.

Concernant la main-d’œuvre, le congrès a souligné que malgré le grand nombre de familles dans le monde rural et les régions dont les revenus dépendent du secteur des agrumes, ce dernier souffre d’un manque croissant de main-d’œuvre qualifiée.

Il a été indiqué que ce manque est principalement dû à l’arbitrage économique que font les agriculteurs entre une inscription saisonnière et temporaire à la sécurité sociale et la possibilité de bénéficier d’un revenu annuel stable dans le cadre du programme d’aide sociale directe.

Il est à noter que la Fédération Interprofessionnelle des Agrumes « Maroc Citrus » est le cadre professionnel de concertation entre les professionnels de la filière de production des agrumes, regroupant l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur de la production d’agrumes au Maroc.

La fédération comprend l’Association des Producteurs d’Agrumes du Maroc (ASPAM), l’Association des Producteurs de Nadorcott au Maroc (APNM), l’Association Marocaine des Producteurs d’Agras d’Agrumes Agréés (AMAPAC).

Elle comprend également l’Association des Conditionneurs d’Agrumes du Maroc (ASCAM), l’Association Marocaine des Industries de Transformation des Agrumes (AMITAG) et l’Association des Exportateurs d’Agrumes (Citrus Export).2

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