Révolution agricole au Maroc : Le CAM mise sur la confiance et la « justice territoriale » pour un développement inclusif

Mohamed Fikrat, Président-Directeur Général du Groupe Crédit Agricole du Maroc (CAM), a dévoilé hier, mardi 18 juin 2025, lors de son intervention devant la Commission des secteurs productifs à la Chambre des Représentants, la stratégie ambitieuse de la banque visant à soutenir le secteur agricole du Royaume, en mettant un accent particulier sur les petits agriculteurs. Il a souligné l’importance de l’intégration entre les secteurs public, privé et la société civile pour parvenir à un développement durable.
M. Fikrat a insisté sur le rôle central du Crédit Agricole dans l’accompagnement des agriculteurs, notamment les petits producteurs, en défiant le concept de « capital timoré » par l’adoption d’une approche basée sur la confiance et la responsabilité.
Une Vision Intégrée pour le Développement National
Fort de son expérience en tant que membre du comité d’élaboration du Nouveau Modèle de Développement, M. Fikrat a affirmé que « le développement de notre pays ne peut être réalisé uniquement par le secteur public ». Il a mis en lumière le rôle fondamental de la société civile en tant que force agissante, aux côtés d’un secteur public fort, œuvrant en harmonie et en complémentarité. Il a également attiré l’attention sur le « troisième secteur », englobant l’économie sociale et solidaire, soulignant son importance dans le système de développement global.
Cette vision s’inscrit dans le prolongement des acquis du plan « Maroc Vert », notamment la structuration des professions agricoles. Le Maroc compte aujourd’hui entre 19 et 20 fédérations interprofessionnelles, permettant aux professionnels d’exprimer leurs opinions et de soumettre des propositions pour le développement du secteur agricole. Le CAM se positionne comme un partenaire stratégique, cherchant à construire des ponts de coopération avec ces professionnels à travers des conventions et des rencontres régulières, afin d’intégrer leurs idées dans les mécanismes de financement de la banque.
Un Engagement Ferme envers les Petits Agriculteurs
En réponse à l’adage « le capital est lâche », M. Fikrat a affirmé que la banque « n’est pas peureuse » lorsqu’il s’agit de soutenir les agriculteurs. Il a révélé que 80% des agriculteurs financés par le CAM possèdent de très petites exploitations, souvent sans garanties suffisantes. Cette orientation reflète la conviction du Crédit Agricole en la bravoure et la responsabilité, et sa volonté de traiter avec confiance cette catégorie vitale de producteurs.
M. Fikrat a exhorté les parlementaires, en tant qu' »ambassadeurs de ce secteur et auprès des agriculteurs », à encourager ces derniers à adopter un comportement responsable vis-à-vis du Crédit Agricole. Il a insisté sur le fait que le respect par l’agriculteur de ses engagements ouvre la porte à son accompagnement dans de nouveaux projets et renforce la capacité de la banque à continuer de fournir le soutien nécessaire.
Flexibilité et Proximité Face aux Défis Financiers
Concernant la gestion des défis financiers auxquels peuvent être confrontés les agriculteurs, le PDG du Groupe Crédit Agricole du Maroc a réaffirmé la politique de la porte ouverte de la banque : « Nous ne fermons pas les portes, bien au contraire. Nous sommes ouverts au dialogue. » Il a ajouté que 80% des interventions de la banque concernent le secteur agricole, confirmant son engagement fondamental envers ce secteur.
Quant au rééchelonnement des dettes, M. Fikrat a rassuré les agriculteurs, expliquant que « lorsque le taux atteint 14% et qu’il est soumis à discussion, nous travaillons sur la remise de dette, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, il suffit que les concernés nous contactent. » Il a appelé ceux qui ont la capacité de rembourser leur dette à entamer le dialogue pour trouver des solutions équilibrées et mutuellement bénéfiques, soulignant que les régulations bancaires au Maroc visent à maintenir la stabilité de l’ensemble du système. Il a également précisé qu’un défaut de paiement dans une banque peut impacter les relations avec d’autres banques en raison du partage d’informations, rendant la régularisation de la situation essentielle pour l’obtention de nouveaux crédits.
Équité Territoriale et Décisions Décentralisées
Pour assurer l’accès aux services financiers dans les régions les plus reculées, M. Fikrat a souligné l’engagement de la banque en faveur de la « justice territoriale », garantissant la couverture de toutes les zones, même celles qui ne disposent pas d’agences bancaires fixes. Pour ce faire, le Groupe Crédit Agricole s’appuie sur des agences mobiles qui se déplacent pour rencontrer les agriculteurs là où ils se trouvent.
Il a également évoqué la volonté de la banque de décentraliser la prise de décision, permettant des décisions au niveau régional chaque fois que possible, tout en respectant les régulations bancaires qui imposent parfois un traitement centralisé pour garantir la transparence et la conformité.
M. Fikrat a en outre abordé le rôle de la banque face aux défis liés au retard du décaissement des subventions gouvernementales. Il a expliqué que le rôle du Crédit Agricole est de « couvrir la période transitoire entre l’obtention par l’agriculteur des autorisations administratives nécessaires et le bénéfice effectif de l’aide ». La banque accélère le décaissement du montant requis afin que l’agriculteur puisse poursuivre ses activités de production, de valorisation ou autres, sans interruption, assurant ainsi la continuité de l’activité agricole.
Fierté, Confiance et Résilience
Avec une pointe de fierté, M. Fikrat a déclaré : « Nous sommes fiers de notre travail avec les agriculteurs. Le rôle de la banque ne se limite pas au financement, nous croyons aussi en la ‘baraka' ». Il a insisté sur la présence de cette « baraka » dans ce travail, saluant les histoires de succès inspirantes d’agriculteurs et d’agricultrices partis de rien et qui ont pu, grâce au financement et au travail acharné, améliorer leur situation et agrandir leurs exploitations.
Il a également rappelé l’impact positif de ce travail pendant la pandémie de Covid-19, lorsque de nombreux pays ont souffert de pénuries de produits agricoles et de hausses de prix. Cependant, le Maroc, « grâce à la vision et aux orientations de Sa Majesté le Roi, et grâce au travail de tous, les produits étaient disponibles à des prix raisonnables », ce qui confirme la flexibilité et la force du secteur agricole marocain et le rôle pivot du Crédit Agricole dans cet écosystème.
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