Opinions

La structure narcissique des religieux extrêmes

Une religiosité habillée de distinction
Ils parlent un français impeccable. Ils viennent des quartiers aisés du Maroc, souvent éduqués dans des écoles prestigieuses.
Ils citent les textes religieux avec aisance, manient le verbe avec autorité, et s’affichent comme des exemples de “bonne conduite islamique”.
Mais sous cette posture maîtrisée, quelque chose dérape.
• Fatiha Hassani-Mejjati, femme de jihadiste, militante intégriste, a mené son mari et son fils vers la mort au nom d’un islam total.
• Mohamed Talal Lahlou, prédicateur bourgeois, entrepreneur et intellectuel, défend l’infériorité ontologique de la femme et la permissivité du mariage des fillettes, tout en se présentant comme modéré et rationnel.
Ces deux figures – apparemment opposées – sont en réalité les deux visages d’une même structure psychique :
celle d’un narcissisme défensif, qui instrumentalise le religieux pour annuler l’altérité et renforcer un moi fragile sous des habits sacrés.
Le moi au service d’un absolu
Du point de vue clinique, le recours au religieux extrême n’est pas toujours une question de foi. Il est souvent une réaction défensive :
le moi, fragilisé ou blessé narcissiquement, cherche à s’arrimer à une vérité absolue pour ne plus douter, ne plus souffrir, ne plus se confronter à l’autre.
“Je suis élu”, “je suis dans le vrai”, “je suis du bon côté” :
ce ne sont pas des affirmations spirituelles, mais des pansements identitaires.
Le religieux devient ainsi un système de maîtrise, une armure symbolique qui protège le sujet contre ses propres failles.
Le déni d’altérité : quand l’autre devient outil
Dans cette structure, l’autre n’existe pas comme sujet libre.
Il est instrumentalisé, réduit à une fonction, nié dans ses désirs, ses contradictions, sa complexité.
• Fatiha Hassani-Mejjati n’a jamais envisagé que son mari ou son fils puisse choisir une autre voie.
Elle les a engloutis dans son fantasme de pureté idéologique. L’Autre – le mari, l’enfant, même Dieu – n’est qu’un levier de sa propre quête fusionnelle avec l’absolu.
• Talal Lahlou nie l’altérité féminine par le langage du droit religieux.
Sous couvert de rigueur islamique, il défend une vision où la femme est mineure par essence, bonne seulement à obéir, se marier “jeune enfant”, et faire des enfants.
Mais en réalité, il parle depuis une position de toute-puissance masculine, et non d’un rapport égal à l’autre.
Ce que ces deux profils refusent, c’est la reconnaissance de l’autre comme être libre, désirant, incertain, parfois contradictoire.
Une paix rigide, un ordre sans amour
Ce type de religiosité radicale propose une paix – mais une paix morte :
• sans doute,
• sans pluralité,
• sans conflit ni altérité.
C’est un monde sans trouble… parce que tout y est figé.
Mais dans ce monde, plus personne n’aime, plus personne ne choisit, plus personne ne pense.
Conclusion : la pathologie du divin
Le danger n’est pas seulement politique ou social. Il est aussi psychologique.
Quand des individus, souvent issus d’un milieu favorisé, mobilisent la langue française, le statut bourgeois et l’autorité religieuse pour prôner une vision hiérarchique, inégalitaire et absolue du monde, nous ne sommes pas face à des croyants, mais face à des identités blessées, défensives, cherchant refuge dans le dogme pour ne pas se confronter à la vie réelle.
Le vrai croyant accueille l’autre.
Le narcissique religieux, lui, l’efface

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