Le Classement mondial des universités : le Maroc fait du surplace

Deux classements des universités au niveau mondial pour l’année 2025 viennent d’être publiés : le classement de Shanghai, le plus ancien et le plus crédible qui publie annuellement son palmarès depuis 2003 porte sur 1000 premières institutions universitaires ; le classement émanant d’un centre de recherche américain, CEOWORLD Magazine, se limitant lui aux 500 premières universités. Dans le premier cas, le Maroc garde de justesse une place dans le dernier groupe des 900-1000 grâce à l’université Hassan II de Casablanca, maintenant ainsi sa position de 2024. En revanche, dans le deuxième classement, portant sur les 500 premières universités, le Maroc est absent du classement.
Chacun de ces organismes adopte sa propre méthodologie. Ce qui donne lieu à des résultats relativement différents.
L’ARWU (Academic Ranking of World Universities) utilise six indicateurs objectifs pour classer les universités mondiales, y compris le nombre d’anciens élèves et de membres du personnel ayant remporté des prix Nobel et des médailles Fields, le nombre de chercheurs sélectionnés par Clarivate, le nombre d’articles publiés dans les revues Nature et Science, le nombre d’articles indexés dans le Science Citation Index Expanded et le Social Sciences Citation Index dans le Web of Science, et la performance par habitant d’une université. Plus de 2500 universités sont réellement classées par l’ARWU chaque année et les 1000 meilleures sont publiées.
Sur cette base, le top 10 des universités est toujours dominé par les USA avec 8 places. Les deux autres sont occupées par le Royaume Uni. Dans le top 100, plus d’un tiers, 37, sont américaines, la Chine détient 15 places, le Royaume Uni compte 8 universités, l’Australie et la Suisse détiennent 5 universités chacun et la France arrive juste après avec 4 institutions. On relève que la Chine progresse au cours des dernières années : dans le top 1000, elle compte à elle seule 244 universités dépassant ainsi, et de loin, les USA (183), dont 113 dans le top 500. La France compte 18 universités dans le top 500 et 27 dans le top 1000.
Une hirondelle ne fait pas le printemps !
Venons à présent aux pays arabes. C’est l’Arabie Saoudite qui occupe la première place dans la région avec 3 universités dans le top 500 et 13 dans le top 1000. Vient ensuite l’Egypte avec une université dans le top 500 et 6 dans le top 1000. Les EAU comptent 4 universités dans le top 1000. Le Maroc, Qatar, Liban comptent une université chacun dans le top 1000. Les autres pays arabes sont absents et ils ne sont pas les seuls. Il faut dire que les places sont chères et la concurrence est vive. Seuls 62 pays ont pu figurer dans le classement. Le Maroc a maintenu de justesse sa place de 2024 et c’est toujours l’Université Hassan II qui détient le trophée. Sur les 62 pays classés, il arrive parmi les 4 derniers ! Il n’y a pas de quoi pavoiser. La modestie doit être de mise.
Dans le même ordre d’idée, le classement établi par CEOWORLD Magazine ne déroge pas à la règle. Il consacre la domination des mêmes pays sur le podium. Rappelons que CEOWORLD magazine est une publication mondiale d’affaires et de finance destinée aux PDG, aux cadres supérieurs, aux investisseurs et aux personnes fortunées. Il offre des analyses approfondies, des stratégies, des informations et des classements sur des sujets comme l’économie, la technologie et les classements de villes, cherchant à inspirer et à motiver son public pour prendre des décisions éclairées.
Son classement est dominé plus par le côté pratique qu’académique. Il est basé sur sept principaux indicateurs de qualité et de réputation : Influence Mondiale Perçue (20%), Réponses des recruteurs (20%), Retour des employeurs (10%) Taux de placement des employés (10%), Éligibilité à l’admission (10%), Spécialisation (10%) Réputation académique (20%). Les données sont réunies sur la base d’une enquête comprenant une liste de plus de 1200 universités à travers le monde. Les participants ont été invités à sélectionner dix universités qu’ils estiment être les meilleures au monde pour l’année 2025. L’enquête a impliqué des répondants de 95 pays et a été menée entre janvier et mars 2025.
Les meilleures universités au monde d’après cette enquête, dont il faut souligner les limites, sont toujours américaines. Ainsi, dans le top 10, on trouve 6 américaines, 3 appartenant au Royaume-Uni et une Suisse. La première université chinoise arrive au 29ème rang et la première université de France occupe la 52ème place. Seuls cinq pays arabes figurent au classement dans top 500 : l’Arabie saoudite avec trois universités ; Le Liban, le Qatar, les Emirats Arabes Unis et l’Egypte avec une université chacun.
Investir massivement dans l’université …
Le défi majeur pour notre pays, et pour le « sud global » d’une façon générale, consisterait à rehausser le niveau de nos universités afin qu’elles puissent se mesurer aux universités de rang mondial. Pour cela, il est essentiel d’améliorer la qualité de la recherche et de l’enseignement, en favorisant l’innovation, l’acquisition et la création de connaissances avancées. Cela demande bien sûr des moyens adéquats. Il faut aussi encourager un environnement d’apprentissage riche, une gouvernance flexible et une autonomie académique propice à la vision stratégique et à l’innovation.
En outre, la collaboration internationale par des partenariats avec d’autres institutions reconnues permet d’acquérir une expérience et une visibilité à l’échelle mondiale. Par ailleurs, un financement adéquat et diversifié ainsi que l’engagement du gouvernement à soutenir l’enseignement supérieur sont cruciaux. Enfin, l’intégration des technologies numériques, la formation de personnel qualifié, et la mise en place d’agences d’assurance qualité aident à maintenir des standards élevés et à attirer des étudiants du monde entier.
En tout état de cause, il n’y a pas de voie toute tracée pour progresser. On ajuste tout en avançant et on évalue tout en créant. Il faut surtout éviter de perdre son temps dans des questions de détail et des batailles de seconde zone qui ne font que gaspiller le temps et les moyens. La performance d’une université dépend de son environnement culturel et du niveau des entrants. C’est avec des élèves bien formés au primaire et au secondaire qu’on formera des chercheurs et des savants qui seraient en mesure d’accompagner le développement du pays et de rayonner à l’international. Investir massivement dans l’Université, c’est investir en dernière instance dans l’humain et l’avenir de notre pays.
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