Quand le journal français Le Monde s’attaque au Maroc au-dessus du vacarme

Il ne s’agit pas ici d’un simple article : il s’agit d’un regard posé sur un pays qui ne se réduit pas aux humeurs d’un pamphlet paré du vêtement de l’enquête journalistique.
I arrive parfois qu’un journal, fût-il prestigieux, se trompe d’étage. Quittant les hauteurs où se pense et s’écrit l’histoire, il dégringole du bavardage au colportage, jusqu’à se confondre avec le bruit du caniveau. Ainsi, on est-il du Monde, qui a cru bon titrer : « Mohammed VI, une atmosphère de fin de règne ». Navrant pour une institution qui contribua naguère à exprimer une certaine idée de la France ! Indiscrétions, murmures, recyclage et surtout une incompréhension manifeste du sujet abordé, la voilà la formule ingénieuse pour commettre un article de classe mondiale ! Navrant ! très navrant. Le général de Gaulle, qui fut pourtant l’inspirateur de ce même journal à sa fondation par Hubert Beuve-Méry, avait des mots justes pour ce genre de « choses » : « du vulgaire et du subalterne ». Et la lecture nécessite un ment superficiel : de drôles auquel nous nous efforçons d’accorder un semblant d’intérêt, ne laisse remon-ter « rien d’autre que de vulgaire et de subalterne ».
Lacunes historiques
Car il ne s’agit pas ici d’un simple article : il s’agit d’un regard posé sur un pays qui ne se réduit pas aux humeurs d’un pamphlet paré du vêtement de l’enquête journalistique. Le Maroc n’est pas un épiphénomène de l’Histoire ni une construction artificielle du XXe siècle. Le Maroc est
LE MAROC EST UN ÉTAT-NATION AUX FONDATIONS SOLIDES ET PROFONDES : TREIZE SIÈCLES DE SOUVERAINETÉ RECONNUE, UNE MONARCHIE CHÉRIFIENNE.
un État-nation aux fondations solides et profondes : treize siècles de souveraineté reconnue, une monarchie chérifienne dont la légitimité plonge ses racines dans la foi, dans l’histoire et dans l’allégeance populaire. L’es-pace consacré à ce billet ne suffirait pas à corriger les lacunes historiques des acolytes de l’ignorance volontaire et de tous les vicaires et autres spadassins à leur solde. Ça serait peine perdue. Rien ne sert d’avancer des arguments de bonne foi face à des gens de mauvaise foi ! Néanmoins les livres d’histoire existent pour qui veut faire pénitence, expier ses fautes et s’écar-ter, sans y revenir, des sentiers de la perdition… intellectuelle, cela va sans dire !
Courtoisie sans égal
Faut-il rappeler que depuis les Idrissides, fondateurs au VIIIe siècle de Fès, berceau du mythe fondateur d’un empire sans frontières, jusqu’aux dynasties qui règnent aujourd’hui depuis plus de trois siècles, le Royaume a traversé les épreuves, résisté aux appétits des empires, absorbé les chocs des régimes et des colonisations, sans jamais cesser d’être lui-même. Cette continuité, que seuls les anglais peuvent prétendre partager avec les marocains, n’eut-été la tragique et sanglante incursion de Cromwell dans la seule mesure archie de l’Albion à travers les siècles, n’est pas une devise judicieusement pensée pour agrémenter les armoiries officielles : elle est une réalité palpable dans les traditions ancestrales du Maroc, dans son authenticité, dans son identité plurielle, dans ses institutions, et, faut-il encore le rappeler ;
LES RELATIONS ENTRE LA FRANCE ET LE MAROC NE SAURAIENT ÊTRE RAMENÉES À DES RAGOTS DE COULOIR.
dans sa diplomatie qui se distingue par une courtoisie sans égal…et lorsque les circonstances l’exigent par une remarquable force de persuasion. C’est cela, la grandeur du Maroc : un pays qui n’a pas attendu la dislocation des frontières tracées à la règle pour exister, un État qui a su inscrire sa légitimité dans la longue durée, un peuple qui a toujours trouvé son unité autour du Trône dont il a consciemment fait une ligne rouge infranchissable. Une permanence qui, dérange souvent les observateurs superficiels, mais qui explique pourquoi le Royaume demeure un acteur stable et respecté dans un monde convulsif.
Diplomatie directe
Les relations entre la France et le Maroc ne sauraient être ramenées à des ragots de couloir. Elles appartiennent au temps long, celui où les nations se reconnaissent et se respectent d’égal à égal. Réduire cette histoire longue à une « atmosphère » de murmures, c’est méconnaitre ce qu’est une vieille nation.
C’est confondre l’écume du jour avec le fleuve profond. Depuis les temps médiévaux, les Rois du Royaume du Maroc et de la France se croisent, s’entrelacent et s’entremêlent. Lorsque Hugues Capet fondait la dynastie capétienne, le Maroc brillait déjà sous les dynasties almoravide et almohade, puissances qui rayonnaient jusqu’en Andalousie, très tôt, à travers la Méditerranée, se dessinent les échanges – d’abord commerciaux, puis diplomatiques. L’Histoire retient la correspondance – très souvent romancée par des auteurs occidentaux épris d’orientalisme – entre Moulay Ismail et Louis XIV, symbole d’une diplomatie directe, entre deux souverains qui, chacun à leur manière, incarnaient
l’Histoire qui s’écrivait sous leurs yeux. Plus tard, au XIXe siècle, alors que le monde basculait dans l’ère moderne, la France et le Maroc poursuivirent ce dialogue singulier, fait de rivalités parfois, mais aussi d’un respect réciproque jamais totalement démenti. Une petite promenade sur l’esplanade des invalides nous rappelle que le XXe siècle, malgré les épreuves, a révélé ce qu’il y avait de plus noble dans cette relation. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Maroc, terre d’accueil et d’honneur, vit son Souverain, Sa Majesté Mohammed V, s’ériger en rempart de la liberté face aux diktats de Vichy, il refusa que les juifs marocains soient déportés, rappelant ainsi au monde que la dignité humaine n’est pas un fonds de commerce. En janvier 1943, à Casablanca, lors de la conférence d’Anfa, Roosevelt, Churchill, de Gaulle, furent contraints d’admirer la fermeté et l’attachement inébranlables à leur pays du Sultan Mohammed V.
La guerre, et de nos jours, malgré et après, un véritable chantage et des défis souvent difficiles à résoudre, les deux pays ont su rester deux nations indépendantes et entièrement souveraines, scellant la fraternité.
Propre voie
Puis vint l’indépendance. Loin de rompre les liens, elle inaugura une ère nouvelle. Des milliers d’étudiants marocains trouvèrent en France une terre de savoir, des entreprises françaises s’associèrent au développement du Maroc, et une communauté humaine se forma, faite de familles,
de mémoires partagées et de destins croisés. Depuis, le Maroc a tracé sa propre voie et s’est affirmé comme un acteur de premier plan sur la scène internationale.
Leader africain en matière d’énergies renouvelables, pionnier dans l’industrie automobile et aéronautique, lieu incontournable pour la finance et la logistique en Afrique, le Royaume conjugue héritage et modernité. Sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, il est aussi devenu une voix écoutée dans les grandes causes du moment : la lutte contre le changement climatique, la promotion de la paix, le dialogue interreligieux. Autant de domaines où la France et le Maroc, désormais dialoguent et coopèrent d’égal à égal.
Aujourd’hui encore, malgré des tensions qui ont parfois traversé l’histoire – mais qui n’ont jamais effacé l’essentiel -, le Maroc et la France continuent de marcher côte à côte. La profondeur de leur relation, forgée par des siècles, est une invitation permanente – une invitation qu’il est parfois difficile de ne pas confondre avec condamnation à bâtir ensemble l’avenir.
Quant aux coups de griffes désespérés, le Maroc n’a pas à répondre. Il lui suffit d’exister. D’avancer, comme il le fait depuis treize siècles, avec constance et patience. C’est cela, la hauteur des vieilles nations : elles ne se laissent pas distraire par le vacarme.
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