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Chabat et Benaâzouz, deux parlementaires «fantômes» résidants à l’étranger au frais du contribuable

Personne n’aurait, probablement, posé de questions sur l’absence prolongée du parlementaire et ancien secrétaire général de l’Istiqlal Hamid Chabat si ce dernier ne s’était pas manifesté, récemment, sur Facebook à travers un post signé de l’étranger dans lequel il félicite l’équipe du TAS vainqueur de la coupe du trône.

Selon des informations et des documents obtenus par le journal « Al Oamk », Hamid Chabat membre de la commission de contrôle des finances publiques à la Chambre des représentants, n’assiste plus aux réunions du Parlement. Il n’a même pas été présent lors de l’ouverture par le roi de la session d’octobre.

Un parlement impuissant

En effet, il a pris l’habitude, depuis qu’il aurait décidé de s’installer en Allemagne d’envoyer des lettres d’excuses. Une source au bureau de chambre des représentants nous a indiqué que cette situation est devenue embarrassante pour la présidence qui ne sait plus quelle procédure suivre à cet égard. Les feuilles de présence des parlementaires tant aux séances plénières qu’aux commissions permanentes, dont notre journal a obtenu copie, révèlent que Hamid Chabat envoie toujours des lettre d’excuses pour cause de maladie. Notre source juge que s’il s’agit bien d’une maladie chronique, Hamid Chabat doit présenter sa démission et se faire remplacé par un autre député. La présidence a les mains liées, se justifie notre source, par le règlement intérieur de la Chambre qui ne permet pas de sanctionner un député qui s’absente au motif d’une maladie. Il est impossible, ajoute t il, de mettre à l’épreuve la sincérité des lettres de Chabat mais cette excuse tombe à l’eau lorsqu’on apprend que ce dernier est en déplacement permanent à l’étranger et par conséquent en bonne santé.

La même source souligne qu’il est nécessaire de mettre à jour le règlement intérieur afin de réduire ce genre d’excuse. La question est d’ailleurs en cours de discussion par le bureau de la Chambre des représentants. Cela permettrait d’insuffler une nouvelle culture et de réduire l’impact négatif de l’absentéisme lors des discussions de textes de lois importants comme cela a été ressenti lors de la présentation du projet de loi des finances, du code pénal, ou encore de celui  de la langue amazigh.

Les recherches effectuées par « Al Omak » sur le site officiel de la Chambre des représentants montrent que les activités de Hamid Chabat sont inexistantes. Le député de Fès n’a posé aucune question écrite ou orale depuis son élection en 2016 alors, qu’à titre de comparaison, le président du groupe de l’Istiqlal Noureddine Madyan a posé 400 questions orales et 28 questions écrites.

Punir le désœuvré et son protecteur

Abdelaziz Benaâzouz, l’ancien président du groupe du PAM et membre de la commission des finances à la chambre des conseillers profite de la même situation depuis plusieurs mois. Lui aussi a quitté le pays et choisi de s’installer à l’étranger après avoir été viré de son poste par le secrétaire général du parti Hakim Ben Chammach, et remplacé par Abdel Karim Al-Hams. Comme Chabat, il ne donne pus signe de vie ni aux séances plénières ni aux réunions des commissions.

Une situation qui a été vivement critiqué dernièrement par le conseiller parlementaire du PJD, Ali al-Asri. Ce dernier a rappelé qu’un professeur a été démis de ses fonctions pour cause d’absentéisme alors que «deux parlementaires renommés ne s’acquittent plus d’une mission représentative qu’ils ont choisie d’accomplir volontairement». Et d’ajouter: « Ils bénéficient d’une indemnité mensuelle égale à six fois celle d’un professeur mais sans qu’aucune sanction ne soit prise contre eux, et sans que leurs partis respectifs ne les ai reniés pour avoir trahi ceux qui les ont élu (…) Maintenant c’est sur le pouvoir du peuple que nous parions pour punir le désœuvré et son protecteur comme on aurait puni un directeur qui n’informe pas de l’absence d’un professeur !! ”.

L’absentéisme parlementaires est un phénomène structurel au Maroc. Malgré les sanctions et le dernier appel du roi à promulguer un code de déontologie, le taux d’absentéisme reste élevé. L’actuel règlement intérieur puni les parlementaires qui s’absentent par des ponctions sur leurs salaires et la publication de leur noms au Bulletin officiel mais que faire dans le cas de parlementaires qui se disent malades ? ou qui s’installent impunément à l’étranger tout en touchant une indemnité mensuel de 30 mille dirhams ?

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