Politique

Le mirage de Bioui : un milliard de dirham pour un barrage fantôme

Le ministère de l’Équipement et de l’Eau a officiellement annulé le projet de construction du barrage de Boukhemis dans la province de Khémisset.

Ce projet avait été attribué à la société « Bioui Travaux », propriété du parlementaire et ancien président de la région de l’Oriental, Abdenebi Bioui, impliqué dans une affaire de « trafic international de drogue », surnommée dans les médias « l’affaire Escobar du Sahara », aux côtés de son collègue parlementaire, l’ancien député Saïd Nassri, et d’un baron de la drogue malien.

La société avait remporté l’appel d’offres pour la construction du barrage l’année précédente, après avoir déjà décroché des contrats similaires. Les travaux de ce barrage, d’une valeur de 1,2 milliard de dirhams, devaient s’étendre sur 42 mois.

Selon le site d’information « le desk », le ministère de l’Équipement n’a pas seulement annulé le marché, mais il a abandonné l’ensemble du projet, en retirant récemment l’appel d’offres international lancé pour sa construction.

Des sources du site ont indiqué que cette décision s’appuie sur les conclusions d’une réunion de la commission de l’eau tenue en mars dernier, au cours de laquelle il a été décidé d’« annuler la construction du barrage de Boukhemis ».

Cinq mois plus tard, le ministre Nizar Baraka a officialisé cette décision en début de ce mois, en suspendant l’appel à manifestation d’intérêt « dans sa phase actuelle », alors que cette procédure était parvenue à un stade avancé.

En décembre dernier, ce méga-contrat avait été attribué à la société Bioui Travaux, aujourd’hui rebaptisée SBTX Travaux et fondée par Bioui, ancien cadre du Parti de l’Authenticité et de la Modernité.

Comme l’a révélé le desk, le budget initial du projet s’élevait à 1,12 milliard de dirhams et visait à doter la province de Khémisset d’un ouvrage hydraulique couvrant une superficie de 2582 km², avec un stockage moyen annuel de 1076 millions de mètres cubes.

Le ministère n’a pas précisé les raisons de l’abandon de ce projet, qui figurait parmi les plus grands projets de barrages programmés. Il devait notamment renforcer l’approvisionnement en eau potable de l’axe Rabat-Casablanca, alimenter la région d’Azhilik et les centres avoisinants en eau, et résoudre le problème de l’accumulation de sédiments dans le barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah. Malgré son importance, le ministère n’a pas révélé les raisons de l’annulation du projet ni l’alternative envisagée pour le compenser.

Cette décision finale fera perdre à la société Bioui 1,25 milliard de dirhams, aggravant ainsi ses difficultés financières récentes, depuis l’arrestation de son propriétaire et ancien président, impliqué dans l’affaire de drogue, ainsi que de son frère Abdel Rahim Bioui, qui occupait le poste de directeur de la société.

Les mêmes sources ajoutent que la société a été contrainte de changer de direction, puis de nom, pour tenter de se distancer de son propriétaire et d’éviter de subir d’autres dommages causés par le scandale.

La société, qui figure parmi les géants des travaux publics au Maroc, a ainsi été rebaptisée SBTX Travaux, et sa direction générale a également été modifiée, Amin Ben Abdellah en étant désormais le président.

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