Société

Depuis Agadir, Mohamed Laghrouss dénonce le chaos des réseaux sociaux et les dangers de la liberté sans responsabilité

L’écrivain et journaliste Mohamed Laghrouss, directeur de publication du journal « Al Oamk », a dressé le bilan des contraintes auxquelles les jeunes sont confrontés dans leur présence et leur activité sur les réseaux sociaux, notamment la dichotomie entre la liberté et la responsabilité. Il a souligné que la liberté absolue est un concept qui perdure dans toutes les nations et sociétés. La liberté doit être accompagnée de responsabilité et encadrée par des normes juridiques qui régissent le comportement des individus.

Lors d’un atelier sur le rôle des médias et des réseaux sociaux dans la construction d’une conscience sociétale, organisé aujourd’hui à Agadir dans le cadre de L’université des jeunes indépendants, Laghrouss a souligné que les réseaux sociaux ont créé un immense espace permettant à chaque citoyen, quelle que soit sa position, d’exprimer ses idées et ses croyances et d’interagir avec les autres, positivement ou négativement. Il a averti que la liberté d’expression dépasse souvent les limites autorisées, allant jusqu’à la diffamation, l’atteinte à la vie privée, l’outrage aux valeurs nationales et aux sanctuaires de la nation.

Laghrouss a mis en garde contre le fait que les rumeurs trouvent un vaste terrain de jeu sur les réseaux sociaux, où elles ont une capacité de propagation qui dépasse de loin celle des démentis et des clarifications. Il a noté que, malgré les explications fournies, les rumeurs peuvent être perçues comme des vérités par certains, et certaines d’entre elles se transforment en vérités difficiles à réfuter, à l’instar de l’affaire des « bonbons parlementaires » qui a conduit au limogeage de certains fonctionnaires de l’autorité.

Il a également précisé que la prolifération de rumeurs, d’informations trompeuses et de « fake news » sur les réseaux sociaux n’est pas un problème local ou limité à un seul pays, mais est devenu un défi mondial qui pèse sur les institutions, les gouvernements et les différents acteurs. Il a rappelé que la Commission européenne a déjà pris contact avec Twitter, Facebook et Google pour leur demander de prendre des mesures fermes contre la diffusion de fausses informations.

Laghrouss a rappelé que Google avait alloué un budget de 300 millions de dollars en 2018 pour soutenir le journalisme fiable, soulignant la nécessité pour les États de redoubler d’efforts pour soutenir ce type de journalisme face à des spécialistes de l’information trompeuse ou à des institutions opérant dans l’illégalité, notamment en raison de la mauvaise qualité de certains contenus sur les réseaux sociaux. Il a également rappelé que le fondateur de Facebook avait promis la même année de créer un environnement sain pour les échanges entre les individus.

Dans le même ordre d’idées, Laghrouss a attiré l’attention sur la consommation excessive de contenus sur les réseaux sociaux sans production, citant une étude indiquant que près de 90% des utilisateurs de réseaux sociaux dans le monde arabe sont de simples consommateurs. Il y voit l’un des défis des élites pour éviter le piège de la consommation sans production.

Le directeur de publication du journal « Al Oamk » a également souligné que la responsabilité des élites, des jeunes politiciens et d’autres groupes face à cette réalité n’est pas satisfaisante, affirmant qu’il existe une règle dans les écoles de journalisme et de communication qui stipule que le public doit être soumis à l’autorité des médias, et non l’inverse. Le rôle des médias est d’éclairer, d’éduquer et de stimuler la participation politique et la gouvernance. Malheureusement, nous constatons souvent une dérive vers la satisfaction des désirs.

Laghrouss a rappelé le contenu du message royal adressé à la famille de la presse en 2003, affirmant que les médias ne pouvaient acquérir la crédibilité nécessaire, ni remplir leur rôle efficacement, sans exercer cette liberté dans un cadre de responsabilité.

En effet, il suffit de devenir fonctionnaire pour être exposé aux insultes et à l’intrusion dans sa vie privée, a-t-il ajouté. Selon lui, les gens prétendent être libres dans leur vie privée, sauf dans notre cas, où ils se sentent libres dans la vie privée des autres. D’autre part, il a souligné que les rumeurs sont un fléau grave et qu’il est essentiel de soutenir un journalisme fiable pour les contrer.

En outre, il a également rappelé la recommandation du Roi Mohammed VI à la famille des médias en 2002, selon laquelle « la liberté et la responsabilité sont les piliers de votre profession et la source de son honneur ». Il a noté que la parole est devenue, plus que jamais, une arme importante dans les batailles, et que les batailles les plus ardentes sont celles qui visent à conquérir l’opinion publique.

Par ailleurs, Laghrouss a indiqué que la critique constructive est essentielle pour la continuité, car tout acteur politique ou social doit avoir un lien affectif avec son cadre organisationnel qui le pousse à défendre et à mettre en valeur ses points forts et ses réalisations. Il a souligné que l’éloge exagéré et la défense des erreurs peuvent devenir des armes à double tranchant qui détruisent leurs porteurs. Il est donc impératif de pratiquer une critique constructive sans exagération, mensonges ou rumeurs.

Dans sa conclusion, il a insisté notamment sur la nécessité de vérifier les informations avant leur publication, car il existe une règle simple qui veut qu’avant d’appuyer sur le bouton « publier » ou « partager », il est essentiel de vérifier la véracité et le bien-fondé de l’information. Ce processus nécessite un filtre de vérification, car la publication sans confirmation peut conduire à des catastrophes qui se répandent comme une traînée de poudre.

Laghrouss a prévenu que la quête d’exclusivité et de présence instantanée sur les réseaux sociaux pourrait éclipser les principes fondamentaux de vérification et de prudence avant publication, soulignant l’importance d’utiliser des moyens modernes pour vérifier les informations et de s’appuyer sur des sources fiables lors de la diffusion d’informations.

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