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Les raisons d’adhérer aux minorités religieuses ?

Après avoir analysé le phénomène des minorités religieuses au Maroc, en France et à l’île de Réunion dans l’océan Indien, j’ai pu identifier trois besoins personnels qui motivent l’affiliation à ces mouvements :

1- le besoin nutritif pour la personnalité

2- le besoin d’une famille d’accueil

3- le besoin de boussole de la vie

Historiquement, toute religion, quelle que soit sa taille actuelle en terme de nombre d’adhérents, était à l’origine une minorité religieuse à ses débuts ! Une fois que cette minorité recrute un grand nombre d’adhérents, elle devient une religion, mais elle se scinde rapidement en plusieurs sectes ou groupes, dont chacun constitue à son tour une nouvelle minorité religieuse. Ceci est valable pour toutes les religions sans aucune exception. Ensuite, chaque groupe est divisé à son tour en sous-groupes, et ainsi de suite indéfiniment. Par exemple, l’islam a commencé comme une minorité religieuse et lorsque le nombre de personnes adhérentes a augmenté de manière significative, il s’est divisé en chiites et sunnites, puis chaque groupe a été divisé en plusieurs groupes minoritaires. Désormais nous trouvons actuellement d’autres minorités religieuses comme Al Adl Wa Al Ihssane, les Frères musulmans et les groupes djihadistes, sans oublier les Zawya qui sont en fait des minorités religieuses avec leurs multiples croyances spécifiques. On retrouve le même phénomène de division sous la même forme dans d’autres religions, anciennes et nouvelles, sans aucune exception, comme si c’était une règle naturelle, car il n’y a même pas une seule religion qui n’ait été divisée en groupes.

Ce qui est intéressant dans le phénomène religieux, c’est qu’un groupe de personnes cherche toujours à rejoindre des minorités religieuses pour diverses raisons, et cette catégorie est divisée en deux parties.

La première section concerne les générations nées dans une religion, une secte ou une minorité religieuse particulière (sunnisme, chiisme, catholicisme, protestantisme, baha’ie, par exemple) et cherchant à rejoindre d’autres minorités ou petits groupes religieux mais sous forme de subdivisions de la religion de naissance, c’est le cas des Témoins de Jéhovah, les Mormons ou la TariqaTijaniya ou soufi, ou bien la secte  Ahmadiya, ou zawiya ou un groupe idéologique).

Quant à la deuxième section, elle concerne les personnes qui préfèrent adhérer à une nouvelle religion totalement différente de la religion de leurs parents et constituent ainsi une minorité religieuse dans leur pays, comme l’adhésion des Marocains, par exemple, à la foi Baha’ie ou le christianisme, ou bien l’adhésion des européens à l’islam (une minorité religieuse en Europe). Dans ce 2ème cas, nous retrouvons le même scénario qui s’est produit dans le passé avec le début du Christianisme et de l’Islam par exemple.

Pourquoi alors ce besoin d’adhérer à une minorité ou à un groupe religieux ? Et que recherchent ces personnes ? Qu’est-ce qu’elles attendent? Que veulent-elles prouver à elles-mêmes et aux autres ? Pourquoi s’aventureraient-elles dans l’opposition à leur culture et à leurs traditions, sachant que ces aventuriers seraient pris pour des traîtres qui trahissent la religion de leurs ancêtres ou de leur patrie ? Et pourquoi prennent-elles ces risques ?

1- Le besoin de nourrir sa personnalité

Ces personnes souffrent d’un trouble d’identité avec une structure de personnalité fragile et recherchent une stabilité psychologique et une nouvelle structure identitaire leur permettant la reconnaissance de leur existence. J’ai bien noté à maintes reprises, chez les adeptes des minorités religieuses, la joie d’être différents du reste de la société et c’est exactement ce qui se passe au stade « Je » ou « Non », dans le développement de la personnalité de l’enfant à l’âge de 2-3 ans, afin de se distinguer des parents, il dit « non » à tout, c’est à dire « je suis et j’existe distinctement de vous (les parents) ».

Il existe également une autre gratification selon laquelle, l’adhésion à une minorité religieuse permet à l’adepte de nourrir son égo grâce au rang qu’il occupe dans l’organisation et la dynamique de cette minorité.

Tous ces facteurs nourrissent la personnalité de l’adepte en obtenant facilement une satisfaction psychologique au sein de la minorité. Il est plus difficile d’obtenir ces bénéfices dans la société !

 2- Le besoin d’une famille d’accueil

Les adhérents des minorités religieuses viennent souvent de familles pathologiques et explosées avec une déficience affective sous-jacente. De même, j’ai remarqué que les adeptes de ces minorités souffrent de troubles des relations familiales et d’affiliation sociale, et que leur esprit est constamment parasité. Ils souffrent de solitude dans leurs « soi », dans leurs familles et dans la société. D’ailleurs ce sont les mêmes raisons qui motivent l’adhésion aux partis politiques (un autre genre de minorité) et les groupes religieux, notamment les djihadistes.

C’est pourquoi ces personnes recherchent une famille nourricière affectivement qui les embrasse et leur donne l’identité d’appartenance afin d’obtenir une satisfaction affective et quels que soient les sacrifices que cela peut leurs coûter.

3- Un besoin de boussole de la vie

Souvent, ces personnes, décrites ci-dessus, recherchent un sens à leur vie dont ils sont incapables de le configurer par elles-mêmes. L’appartenance à une minorité religieuse est une éponge qui absorbe toute leurs souffrances et leur confusion, et leur permet de trouver un sens à leur vie malgré les difficultés qu’ils rencontrent au sein de la minorité.

Dr Jaouad Mabrouki, psychiatre, psychanalyste, expert en psychanalyse de la société marocaine.

 

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