Politique

An II du gouvernement Akhannouch: Des grands chantiers, un nouvel élan

Le gouvernement Akhannouch, qui entame la deuxième année de son mandat, fait face à de nombreux défis à relever dans une conjoncture internationale difficile et un contexte national marqué notamment par les répercussions du stress hydrique.

En effet, le gouvernement a devant lui une feuille de route tracée, avec à la clé une série de chantiers primordiaux déjà lancés, dont le Registre Social Unifié, la généralisation de la protection sociale et la réforme des systèmes de santé et d’éducation.

D’autres chantiers viendront s’ajouter à ceux déjà en cours d’exécution, notamment la réforme du Code de la famille, du système institutionnel relatif aux Marocains résidant à l’étranger, des régimes de retraite et celle fiscale.

A la faveur de son ambition de consolider les piliers de l’Etat social, le gouvernement a réaffirmé, à travers la note de cadrage du Projet de loi de finances 2023, sa volonté de renforcer les bases de cet Etat social, de relancer l’économie nationale, de consacrer la justice spatiale et de récupérer les marges de manœuvre financières pour garantir la durabilité des réformes.

Les efforts de consécration de cet Etat social, au niveau de la couverture sociale, des réformes des systèmes de santé et d’éduction, ou de la loi-cadre de l’investissement, constituent une stratégie concrète à même d’avoir un impact sur le quotidien des citoyens, comme l’explique le ministre délégué chargé des Relations avec le parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas.

Conscient que cette orientation nécessite de nouvelles charges, aussi bien financières que celles liées aux ressources humaines, l’Exécutif cherche de nouvelles marges pour financer la mise en œuvre de ces programmes en tenant compte des recommandations des Assises nationales sur la fiscalité et du souci de préservation et de consolidation du rythme de la performance financière, précise-t-il.

Cependant, le lancement de ces divers chantiers intervient dans une conjoncture internationale difficile avec les effets de la crise pandémique qui a impacté plusieurs secteurs économiques, l’expansion inflationniste résultant du conflit russo-ukrainien, et un contexte national marqué par les conséquences du stress hydrique.

« Le gouvernement n’a pas été aidé par la conjoncture », a indiqué, dans ce sens, le politologue Mustapha Sehimi, expliquant que l’impact socio-économique de la crise sanitaire se poursuivait à différents degrés.

Les aides apportées à de nombreux secteurs, dont le tourisme et le transport, grevaient les ressources du Trésor, a-t-il enchaîné, évoquant également la faible campagne agricole et les effets conjugués de la sécheresse et de la guerre en Ukraine.

Selon le politologue, « la crise doit être aussi une opportunité pour mener des réformes ».

Évoquant les chantiers prioritaires de la deuxième année du mandat de l’Exécutif, Sehimi a relevé que le gouvernement est « responsable et comptable » de l’implémentation optimale du chantier de généralisation de la protection sociale, conformément aux Hautes Orientations Royales.

Et de faire remarquer que la fiabilité des régimes de retraite figure également parmi les dossiers sur lesquels le gouvernement doit se plancher pour assurer leur pérennité, sachant que les premiers déficits apparaîtront dès 2023 pour le Régime collectif d’allocations de retraite (RCAR) et en 2027 pour la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), de même que pour la Caisse marocaine de retraite (CMR) dont les réserves seront déficitaires à l’horizon 2027-2028.

L’autre dossier, a-t-il poursuivi, concerne le Code du travail, soulignant la nécessité de finaliser la réforme de ce texte de loi dans deux directions incontournables. La première concerne l’introduction du système dit de « flexisécurité », qui consiste en un dispositif social permettant une plus grande facilité de licenciement pour les entreprises et des indemnités longues et importantes pour les salariés licenciés, a expliqué Sehimi, ajoutant que la seconde porte sur la réforme du droit de grève.

Evoquant la réforme fiscale, il a noté qu’elle devrait se concentrer sur une plus grande équité, l’intégration du secteur informel dans le circuit formel et l’élargissement de l’assiette fiscale.

Pour ce qui est du chantier relatif à la Charte des investissements, l’universitaire a plaidé pour l’identification des secteurs à privilégier et à les doter de conditions incitatives. « Cela implique le choix de priorités et l’élaboration d’une politique fiscale qui tient compte de ces choix prioritaires », a-t-il dit.

Sehimi a, sur un autre registre, insisté sur l’importance de faire la liaison entre la politique du gouvernement et le Nouveau Modèle de Développement (NMD), lequel fixe des axes stratégiques et des leviers de changement.

« Il serait important que les politiques publiques en 2023 et au-delà prennent davantage en compte les orientations et les mesures proposées dans le NMD afin que ces dernières s’inscrivent pleinement dans la vision de ce modèle », a-t-il soutenu, rappelant que le NMD propose également un Pacte national de développement.

Ce pacte est de nature à entraîner l’adhésion des citoyens et des opérateurs, à mobiliser les énergies, à faire converger les approches partisanes et les autres et à donner une plus grande visibilité à la politique économique du gouvernement, a-t-il estimé.

De l’avis de Sehimi, le gouvernement dispose d’importants atouts à même de lui permettre de mener à bien l’ensemble de ces chantiers de réformes.

Il a cité, entre autres, la majorité confortable à la Chambre des représentants et le format centre de la nouvelle majorité, qui ne compte que trois partis. « C’est un gage de cohésion, de solidarité et de mobilisation », a-t-il fait valoir.

Le gouvernement bénéficie également de l’aspiration des citoyens au changement : la nouvelle majorité est l’expression d’une volonté des électeurs quant au changement et à la réforme, ce qui constitue à la fois un atout et une contrainte, parce que les attentes sont très fortes et peuvent manifester de l’impatience, a-t-il relevé, soutenant que l’Exécutif peut donner un nouvel élan à son action à travers une nouvelle génération de réformes.

Et Sehimi de conclure qu’une gouvernance « audacieuse » est à mettre en œuvre par le gouvernement pour trouver des solutions à des réformes qui sont à l’ordre du jour.

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