Politique

Quels sont les messages que le Maroc veut faire passer à la Russie en condamnant Moscou aux Nations Unies ?

Hier mercredi, le Maroc a voté, avec 142 pays, en faveur d’une résolution de l’ONU condamnant la tentative de la Russie d’annexer illégalement quatre régions ukrainiennes, à savoir Kherson, Donetsk, Zaporijia et Lougansk.

Les analystes estiment que la position marocaine n’est pas dénuée de messages à destination de la partie russe, notamment en ce qui concerne le dossier du Sahara, que le Roi a considéré dans son dernier discours « le prisme à travers lequel le Maroc regarde le monde.

Dans ce contexte, Moussaoui Ajlaoui, chercheur au Centre pour l’Afrique et le Moyen-Orient, a déclaré que la nouvelle position du Maroc est différente des deux positions précédentes, notant que la politique internationale a fixé des intérêts stratégiques et des positions tactiques en fonction des intérêts des pays, ajoutant que le Maroc a voté en faveur de la décision de condamner la Russie parce qu’elle sert ses intérêts.

Ajlaoui a souligné, dans une déclaration au journal Al Omk Al Maghribi, que tous les pays arabes ont voté en faveur de la résolution, à l’exception des pays qui sont avec la Russie, menés par l’Algérie, qui s’est abstenue de voter, et la Syrie qui a voté contre la résolution.

L’analyste politique a souligné que la Russie est membre du Conseil de sécurité, et qu’à la fin du mois d’octobre, un vote sur la résolution du Conseil de sécurité est nécessaire pour prolonger la mission de la MINURSO, se demandant : « La décision du Maroc ne va-t-elle pas éveiller la sensibilité des russes ?

D’autre part, le chercheur estime que la position marocaine est un message adressé à la partie russe, et à travers elle aux grandes puissances, sur le fait que le Maroc envisage ses relations internationales à travers le dossier du Sahara, et donc Rabat veut pousser Moscou hors du cercle de l’abstinence.

Respect de la souveraineté des États

Pour sa part, Ahmed Noureddine, professeur et spécialiste des questions internationales et stratégiques, a déclaré, commentant la position marocaine, que « l’un des grands principes guidant la politique étrangère du Royaume du Maroc est le respect de la souveraineté de l’État membre membres des Nations Unies et le respect de leur unité nationale et de leur intégrité territoriale. »

Noureddine a ajouté, que « l’Ukraine, avec ses frontières avant l’invasion russe, est un État membre des Nations Unies et la Russie l’a reconnu, et ils ont eu un échange d’ambassadeurs depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Ainsi, Moscou a violé la Charte des Nations Unies et les accords bilatéraux entre elle et l’Ukraine.  »

Selon l’analyste politique, ce changement soulève de nombreuses questions, et peut s’expliquer par la pression américaine et européenne sur Rabat, et cela s’explique très probablement par l’isolement absolu de la Russie lors du dernier vote, puisque seuls quatre pays l’ont soutenu.

Il a ajouté qu’il y a un autre changement dans le vote marocain, lié cette fois aux résultats des discussions que le ministre marocain des Affaires étrangères et son homologue russe ont tenues à New York il y a moins d’un mois, en marge de la 77e session de l’Assemblée générale des nations Unies.

Concernant les répercussions de cette position sur le dossier du Sahara, Noureddine estime que « rien n’a changé en la matière. La Russie a toujours voté contre les décisions liées au Sahara, non pas comme une position de principe contre le Maroc, mais comme un défi à Washington en tant que porteur de la plume, et cela a été exprimé clairement et à plusieurs reprises par le représentant de la Fédération de Russie au Conseil de sécurité.

 

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