Économie

Pour Al3OMK Al MAGHRIBI, Najib Akesbi décrypte la situation économique nationale

Comment analysez vous la situation économique actuelle?

La situation est en ce mois de novembre 2022, tant à l’échelle internationale qu’à l’échelle nationale, je peux vous dire que si de prime abord, vous me demandez un mot qui pourrait qualifier tout ça en premier, il y en a d’autres. Après, c’est le mot incertitude. On est encore dans l’incertitude, à peu près à tous les niveaux. Ce qui est certain, c’est que, premièrement, en 2022, l’économie mondiale ne s’était pas encore, loin de là, rétablie des conséquences de la crise de la pandémie, de la chute brutale de la production en 2020 et de la reprise légère en 2020. Puis arrive 2022. La crise de Russie Ukraine. Et on est à nouveau plongé dans une crise qui n’en finit pas. Or, au début, on pensait que ça allait être limité dans le temps. Valeur aujourd’hui et vous n’avez qu’à voir tous les rapports des institutions financières ou autres internationales sur les perspectives fin 2022, 2023 voire 2024. Elles ne sont pas très roses ces perspectives. Les PIB sont appelés à continuer à baisser globalement.

Les cours mondiaux aussi bien des denrées alimentaires que de l’énergie des produits pétroliers sont appelés à continuer, soit à se stabiliser à un niveau plutôt élevé au dessus de 100, soit à fluctuer en fonction des aléas ou des remous des suites de la guerre en Europe. des stratégies des uns et des autres des grandes puissances. Et donc nous sommes réellement face à une situation climatique qui est assez inédite depuis plusieurs décennies et une situation globalement à l’échelle mondiale, caractérisée donc par une récession conjuguée à l’inflation. Ce qui donne là aussi une situation tout à fait inédite qui est celle plutôt de la stagflation, une situation qu’on n’a pas vu depuis les années 70 du siècle passé. On est dans une stagflation et donc évidemment, le Maroc étant un pays dès le départ, il faut le savoir très très impliqué dans l’économie mondiale intégré. Mal, bien ou mal, c’est une autre histoire. Le taux de pénétration dans l’économie mondiale est très élevé, pratiquement au dessus de 85 86 %. De ce fait là, évidemment que l’impact de la crise mondiale a des effets extrêmement fort sur l’économie mondiale. Alors ça veut dire quoi? Ça veut dire quoi? Un D’abord. Situation purement maroco-marocaine. Malheureusement, c’est la sécheresse qui n’en finit pas. Puis. Et, on le sait, un pacte en réalité l’ensemble de l’économie, pas simplement le secteur agricole et l’impact en termes d’économie. On sait qu’il y a une corrélation forte entre quasiment les précipitations et la production céréalière et le taux de croissance de l’ensemble de l’économie. De sorte que aujourd’hui, par exemple, cette année, on va faire, on va être au dessous de un de croissance.

Nous sommes tous là en train d’espérer que la pluie finisse par arriver. Mais valeurs aujourd’hui, encore une fois, je vous dit de novembre. Malheureusement, on regarde le ciel avec un regard désespéré. La prochaine campagne est en train de gagner les esprits, notamment en milieu rural. Encore une fois, espérons. Souhaitons de tout cœur que et qu’il pleuve. Pas seulement pour l’agriculture. Moi, je dirais plus simplement pour nos besoins de consommation en eau potable. Mais est ce facteur de sécheresse et de crise de l’eau? Est le premier élément qui impacte toute la situation macroéconomique, sociale et théâtrale du pays. Deuxièmement, évidemment, les conséquences de la guerre et la crise mondiale. Et il se fait que c’est en même temps notre principal fournisseur, notre principal client, notre principal partenaire en ce qui concerne les investissements directs étrangers, le tourisme, etc, on ne peut pas imaginer que cette relation si forte n’impacte pas elle aussi l’économie marocaine du reste. C’est ce qui fait que d’ailleurs se soulève.

On y reviendra peut être soulève plus qu’une question sur une des hypothèses de la loi de finances que considère que la demande externe augmenterait de 2,5 % alors que tout indique que la crise à l’extérieur ne peut pas générer une telle demande. Donc la sécheresse et la crise et l’impact de la crise mondiale? Ajoutez à cela tout de même. Je vais m’arrêter parce qu’autrement il y a beaucoup d’autres facteurs. Mais des politiques publiques qui, le moins qu’on puisse dire, ne sont pas à la hauteur, ne sont pas à la hauteur des enjeux, des défis. On a l’impression d’avoir un gouvernement qui malheureusement malheureusement.

Pour l’instant, je reste au niveau des politiques, des orientations générales. Le moins qu’on puisse dire d’abord, c’est un gouvernement qui ne réalise pas qu’il ne met pas en œuvre. Son propre. Programme gouvernemental, aussi bien au niveau des ambitions en termes de croissance, de création d’emplois, de lutte contre la dégradation du pouvoir d’achat, d’inflation. Tout ça, on a l’impression qu’on a un gouvernement qui ne réagit pas, qui n’adopte pas les mesures en conséquence. Alors, sans parler du dit modèle de développement qui semble passer aux oubliettes, dont pratiquement plus personne ne parle. Peut être sauf quelques quelques quelques experts qui ont travaillé sur ce modèle et donc une situation très difficile. Et je reviens au mot clé. Marquée par une incertitude. Qui plombe tout le reste en réalité.

Est ce que les autorités financières marocaines sont capables de faire face aux défis?

On sait que l’inflation actuelle a commencé d’abord par une inflation importée, puis une inflation par les coûts. Par les coûts. D’autant plus. J’ai parlé de stagflation, donc ça veut dire qu’on est dans un schéma ou la hausse des prix. L’inflation accompagne en fait une stagnation de la production et de la demande et de l’économie de manière générale, alors que l’inflation classique qui est liée simplement donc à un déséquilibre sur le marché entre l’offre et la demande. C’est une inflation qui est générée par une forte hausse de la demande. C’est parce que la demande est élevée qu’elle tire les prix vers le haut. Est ce que c’est toute la situation que nous vivons aujourd’hui? C’est évident que non.

Nous ne sommes pas face à une situation ou justement la croissance serait tellement forte et donc la demande forte pour réellement provoquer un déséquilibre sur le marché avec l’offre. Donc le diagnostic est mauvais et tout simplement erroné. Le taux directeur. Vous allez relever le taux directeur. L’une des deux, soit que les banques suivent, soit qu’elles ne suivent pas. Ce qui est d’ailleurs une hypothèse tout à fait réaliste. Il arrive souvent que les banques, selon leurs intérêts, ne suivent pas. Mais si les banques ne suivent pas, ça sera un coup d’épée dans l’eau si les banques suivent et augmentent le taux. Eh bien, qu’est ce qui est la première chose? C’est que est ce qu’on est face à une demande de crédit de la part des entreprises, des ménages, etc? Est ce qu’on est face à une demande de crédit tellement élevée que les entreprises emprunteront quand même?

Ou est ce que tout simplement la situation de crise que nous vivons est telle que déjà à l’avance, on sait qu’il n’y a pas assez de demande de crédit et que donc le pire qui va arriver, c’est quoi? C’est que les entreprises qui avaient peut être projeté d’investir, de s’endetter pour investir, ne vont pas le faire, vont différer. Leur investissement. Par contre, peut être les entreprises qui elles et on sait malheureusement que c’est une grande majorité d’entreprises marocaines en fait, ont font des roulements, ont des fonds de roulement insuffisants, des capitaux propres insuffisants et donc vivent en réalité sur des crédits. Bancaire. Ces entreprises, et la plupart d’ailleurs des petites et moyennes, vont souffrir. Parce qu’elle va en prendre plein la figure, si je puis dire. Cette hausse des taux d’intérêt, ce qui va se répercuter sur leurs coûts, leur compétitivité et va tout simplement aggraver leur situation financière. Oui donc malheureusement c’est tout. Cela me dit est un. C’est une mesure qui ne me paraît pas pouvoir être efficace. Pourquoi? Parce qu’elle procède d’un diagnostic qui est erroné. Et ensuite? C’est une mesure qui en fait, dans le meilleur des cas, risque d’être tout simplement dans les faits d’épée dans l’eau. Soit on peut effectivement réellement faire beaucoup de mal.

Quel futur pour la caisse de compensation?

C’est un dossier très ancien qui a traversé les décennies. Donc aujourd’hui, parlons valeurs aujourd’hui. Le gouvernement. Se trouve dans une situation quand même assez bizarre. Parce que d’un côté. Effectivement. Est. Parce qu’on n’a pas. Régler les problèmes à temps parce qu’on n’a pas fait les réformes nécessaires à temps. Eh bien oui, on se retrouve une fois de plus. Dans une situation ou les cours mondiaux. Étant élevé. Le gouvernement se trouve dans l’obligation de subventionner, mais selon l’ancienne méthode, c’est à dire une subvention à travers les prix. On doit donc subventionner les produits qui le sont ou qui sont encore soutenus par la caisse de compensation, c’est à dire le gaz butane, la farine nationale dite nationale de blé tendre et le sucre. Et donc les coûts à l’importation, parce que, par ailleurs, ce sont des produits que, pour l’essentiel, on importe largement. Donc, les cours mondiaux s’élevant. L’Etat est acculé effectivement pour veiller à une stabilisation ou une certaine stabilisation des prix à l’intérieur et il est obligé effectivement de subventionner de plus en plus massivement. De l’autre côté, de l’autre côté. Il y a quand même un procès juste depuis plusieurs années et les gouvernements précédents comme celui là ont pris des engagements. Effectivement, et l’engagement était depuis plusieurs années été clair, c’était de dire, d’évoluer vers un système qui substitue au système actuel, qui est un système de subventions à travers les prix et donc un système aveugle. Qui subventionne le produit et ne subventionne pas.

L’acheteur, le consommateur directement intéressé. Et donc est aveugle. Parce que que vous soyez riche ou pauvre, vous bénéficiez de la même subvention pour tenir compte de cet élément. Donc. L’objectif, c’est de substituer à ce système qui effectivement, honnêtement et toutes les études le montrent maintenant, n’est ni efficace, ni juste, ni juste, ni équitable, mais. Et de surcroit est financièrement ruineux. Donc substituer à ce système un autre qui est un système d’aide directe aux revenus. En clair, il s’agit de supprimer les subventions à travers les prêts et les remplacer par un système d’aide au revenu. C’est ce qu’on a parlé depuis très très longtemps. L’idée est là, mais, les gouvernements ont longtemps refusé une telle idée. Ils ont fini par y arriver. Tant mieux, tant mieux. Maintenant, on est, alors on a longtemps aussi perdu du temps ou gagner du temps, peu importe le point de vue. En jouant justement sur cette histoire d’heureux de justice sociale, unifie bien. Très bien que ce soit jeu. Il y a longtemps que ça a montré que on pouvait commencer dans le système d’aide aux revenus des directeur revenu avec les outils qu’on avait il y a quatre ou cinq ou six ans. Mais bon, peu importe. Le registre social unifié? Si. À mon avis, s’il était un outil important, utile, très utile, ne doit pas être éternellement un moyen de de retarder les réformes qui s’impose comme on l’a fait, je le répète depuis dix ans. C’est donc très bien si le registre est maintenant disponible rapidement. Et bien oui, je pense qu’il faut effectivement s’engager dans cette cette réforme parce que je rappelle, moi, je ne dis pas que c’est la meilleure réforme. Je dis que c’est la moins mauvaise. Elle est le système de l’aide directe à travers les revenus. Et moins mauvais que le système actuel. Voilà donc. Alors est ce que le gouvernement? Aura le courage. De fer, c’est très fort. Mais attention, qu’on soit clair parce qu’il n’est pas question de. Justement, l’approche est une approche globale. Et moi, ce qui m’inquiète, c’est que tout simplement, on arrive à une réformette qui pervertit le système de l’aide directe. Ce qui serait inquiétant, c’est qu’on fasse simplement des demi mesures, qu’on louvoie par ci, par là déjà, par exemple. Il faut savoir quand même que dans l’idée de ce qu’on appelle le revenu universel, qui est un système maintenant largement répandu en Europe et ailleurs dans d’autres continents, qui est le système vers lequel il faut qu’on avance, c’est à dire c’est quoi? Il faut bien qu’on s’entende. L’idée, c’est d’arriver à un système ou tout citoyen. Que les conditions dans les conditions de vie, dans les conditions du pays auxquelles ces conditions n’ont pas permis de gagner, sont revenu. Par son travail. C’est ça l’enjeu. C’est parce que l’économie est défaillante que effectivement, l’Etat. Un véritable Etat de droit, c’est à dire un Etat qui prélève des impôts. Eh bien, ce même Etat doit tout. Ce n’est pas une faveur, c’est un droit. Je dis, c’est un droit parmi les droits économiques et sociaux, c’est les droits humains. Donc cet Etat doit garantir à tout un tout de citoyen qui en a besoin un revenu. Et moi, je l’ai appelé, on s’entend. Je ne parle pas simplement des revenus pour les retraités. Je parle d’un revenu global pour tous les taux, tous les citoyens qui en ont besoin. Je parle effectivement de revenus de la dignité parce que c’est le revenu qui doit garantir la dignité de tous les citoyens d’un Etat de droit. Alors, est ce que le gouvernement, en parlant de réforme de la caisse de compensation, est en train réellement d’aller sur cette voie? Ou est ce qu’en milieu de chemin, on voit que malheureusement l’expérience nous l’a appris 100 fois? On va se trouver face à des dérives qui finiront par pervertir tout le système. C’est ça mon inquiétude en réalité. En 2013 2014, on avait fait un certain nombre d’évaluations très simples et je répète encore une fois le système. Et perfectible en permanence. Ce qui est important, c’est de commencer. Et ensuite, dans l’expérience, dans le déroulement de l’expérience, on améliore les choses et donc par exemple, par exemple. Il faut aussi distinguer deux choses. Il y a le revenu et il y a la compensation pour la classe réellement pauvre. Et aujourd’hui les statistiques du HCP, les dernières enquêtes etc permettent de le savoir avec détails. Shola effectivement gagne devrait obtenir un revenu. Un revenu qui correspond au revenu moyen dans le pays. Peut être avec un abattement pour pouvoir au moins préserver, par exemple le revenu de rester dans les 40 ou 50 % de la population ayant les revenus les plus faibles, puisqu’il s’agit donc de pauvres. Mais là, la libéralisation des prix va impacter aussi une partie de la classe moyenne. Et il y a aujourd’hui un professeur de l’enseignement secondaire ou un instituteur qui achète la bouteille de gaz butane à 40 dirhams. Demain, vous lui dites vous l’achetez à 120 ou 130. Je peux vous assurer qu’il va ce qui va se paupériser et donc pour cela, je n’ai pas de revenu. En clair, il s’agit d’une compensation, mais directe également. C’est à dire qu’il s’agit de donner un montant qui compense la perte de pouvoir d’achat liée à la libéralisation des prix de ces matières. C’est ça le schéma. Alors, je le répète encore une fois, je ne me hasarde pas ici à vous donner un chiffre parce que c’est en fonction de la conjoncture, de la situation, les l’ajustement est évident, mais je le répète, on voit la méthode. La démarche est claire. Et l’objectif, évidemment, est en réalité de se trouver dans un système qui préserve le pouvoir d’achat de la population. Qui préserve le pouvoir d’achat. Et en même temps, effectivement met en place réellement un système, je le répète ou l’état à partir des. Des fonds publics. De collecter par l’impôt. Garantit un revenu de la dignité à toutes celles et ceux de la population qui en ont réellement besoin. Et ça aussi, ce n’est pas une expression vague.

Quel regard portez vous sur le PLF 2023?

Je pense que le premier point est d’abord le premier point. C’est tout simplement la viabilité. La pertinence, des projections, des prévisions, de cette loi de finances. Oublions pas la que la loi de finances, c’est un exercice prévisionnel. Cette loi a été élaborée durant l’été 2022 pour 2023. Et donc, c’est vrai que tout dépend des hypothèses. C’est un montage financier et qui dépend d’abord des hypothèses sur lesquelles ils sont fondés. Or, là aussi, j’en ai, je vous en est. J’ai évoqué cela tout à l’heure. Quand, par exemple, on voit la situation concrètement telle qu’elle est aujourd’hui, on voit. La sécheresse qui encore malheureusement, risque de pointer, au moins si on connaît son impact sur la croissance. On sait que la crise mondiale, comme je l’ai bien indiqué au départ, ne va pas en tout cas se régler en 2023, malheureusement. Et bien dans ce contexte là, prévoir et donc faire reposer tout le montage financier sur un taux de croissance pour 2023 de 4 %. C’est juste, pas très crédible. Même si déjà beaucoup par rapport à nos ambitions. Mais dans le contexte actuel, prévoir quatre ans, c’est tout simplement se condamner, malheureusement encore une fois à être dans les dans l’erreur. La même chose dont je parlais tout à l’heure de la demande externe parait compter sur 2.5. Tu auras une évolution, une croissance de la demande externe qui va tirer la demande interne. L’activité intérieure à raison de deux ans et demi, c’est aussi, ça ne me semble pas très très réaliste. La même chose, par exemple croire dans une fusion que nous connaissons encore une fois. Croire qu’on va passer d’une inflation qui, cette année en 2020, de au moins entre huit et 10 %,par je ne sais quelle baguette magique. Elle plongerait. À deux. Ce n’est pas très crédible. Comment? Comment est ce qu’on peut imaginer une telle situation? Comment peut on fonder des prévisions sérieuses, crédibles sur de telles prévisions? Donc, soyons clairs, le problème d’abord est un problème effectivement d’hypothèses qui sont. Alors je n’ai pas parlé, mais ça va de soit 60 qu’après boire 75 millions de quintaux de récolte céréalière? Oui. 800 à la tonne pour le gaz à 800 $ la tonne. Bref, vous voyez bien que tout cela est très fragile et que donc la première observation à faire sur cette loi de finances, c’est qu’elle n’est pas très réaliste. Et que elle. Elle se condamne effectivement à être en porte à faux en permanence. Comme malheureusement ça a été le cas pour les précédentes lois de finances, c’est quasiment sûr. Je vous rappelle que par exemple, pour 2022, la loi de finances 2022 avait prévu un taux de croissance de 3.6 ou autour de 3.8. Je vous dis on va faire moins de 1 %. Donc vous voyez bien ça. C’est la première chose, évidemment, à partir de ce moment là.. Le montage, c’est comme vous avez, c’est comme un édifice. Si les fondements ne sont pas bons, c’est tout l’édifice qui n’est pas bon, qui ne tiendra pas la route. Alors moi, je dirai le deuxième point qui me paraît important, c’est justement l’équilibre d’ensemble. On ne le dira jamais assez. Nous sommes en crise financière. Des finances publiques permanentes. Et on arrive à garder la tête au dessus de l’eau que parce qu’on n’en finit pas de s’endetter pour s’endetter et encore s’endetter. Je m’explique. Vous avez dans la loi de finances, vous avez un tableau d’équilibre général. C’est très simple. Il est comme ça. Il peut être peut paraître un peu compliqué, mais on peut le résumer en termes très, très simple quand vous prenez le budget général de l’Etat. Vous prenez d’un côté les ressources ordinaires des recettes fiscales, non fiscales, etc et puis de l’autre côté les dépenses ordinaires. C’est à dire les dépenses de fonctionnement, les intérêts de la dette, les dépenses d’investissement. Quand vous ramassez tout ça, ressource ordinaire, dépenses ordinaires et deux déjà vous êtes à un déficit. De 115 milliards. 115 milliards. Quand vous ajoutez l’amortissement de la dette parce qu’il n’y a pas que les dix légaux. Le remboursement du principal de la dette, tenez vous bien, c’est dans les et c’est dans la loi de finances, au moins les tableaux. Vous êtes à un. On appelle ça un besoin brut de financement. Besoin de financement 293 milliards? Je dis bien, on est à quelque chose autour de 15 % du PIB. 15 % du PIB. Le vrai déficit, en réalité, il est là. Vous avez d’un côté des ressources ordinaires, de l’autre côté des dépenses et vous faites la différence. Vous êtes. À quinze, un déficit de quinze points de PIB. Bien évidemment. Comment en sortir? Parce que vous savez que vis à vis des institutions financières internationales etc 15 % c’est impensable. Il faut revenir aux alentours de 45 % du PIB est bien calé. Quelle est la baguette magique? C’est l’emprunt. Et donc pour la énième fois. Alors en 2023, on devrait emprunter. Tenez vous bien, ça aussi, c’est un record. Chaque année, on bat des records. On va emprunter 129 milliards de dirhams, 129 milliards de dirhams. Ça fait prendre. Et bon à 10 $ à dix dirhams le dollar, ça vous donne à peu près douze, douze, plutôt douze, 13 milliards de dollars. Ben oui, ben oui, il faut bien comprendre cet engrenage dans lequel on se trouve et depuis de longues années. Cet engrenage, c’est quoi? C’est que, précisément parce qu’on n’a pas fait les réformes, notamment fiscales nécessaires, on est dans une situation ou les ressources ordinaires, et en particulier les ressources fiscales, sont insuffisantes. Moi, je calcule un ratio qui est très significatif depuis de longues années, un ratio que j’appelle le taux d’autosuffisance fiscale, c’est à dire le taux de couverture des dépenses, les dépenses du budget de l’Etat par les ressources fiscales. Ce ratio dans les. Avec les données de la loi de finances 2023, il y a 50 5 %. Vous imaginez quand vous avez des ressources, ce sont vos ressources, c’est les ressources propres. Si je puis dire de l’État quand vous avez des ressources qui nous, qui nous, qui ne couvrent que 55 % des dépenses. Même si vous ajoutez les ressources non fiscales, vous allez à 60 % 62 %. Il restera toujours au moins. 33 à 30. 35 %. De dépenses que vous ne pouvez couvrir que par l’emprunt et le déficit que vous allez déclarer. C’est tout. Donc en l’occurrence, j’ai 193 milliards de déficit de besoin de financement. Par contre, plus de besoin de financement comme ils disent. Je dois emprunter 129 milliards. Pour ne laisser en fait lieu apparaître dans les comptes. C’est les chiffres qui vont être qui vont être publiés etc On appelle ça un besoin net de financement de 64 milliards. C’est les 64 milliards qui vont représenter cinq points de PIB et officiellement on va dire, on a un déficit budgétaire de cinq points de PIB. Alors que la réalité est malheureusement tout autre. Et toujours sur cette question, pouvez vous dire à quel point on est dans un engrenage réellement infernal de la dette? Vous imaginez quand je vous dis cette année, on va emprunter 129 milliards. Savez vous combien on va dépenser au titre de la même dette? La dette du budget de l’État, du Trésor. C’est à dire que d’un côté, on va emprunter 129 et de l’autre côté, on va payer 109. 109 milliards le service de la dette dans les dans la loi de finances. Prenez d’un côté les intérêts que représentent 31 milliards et le reste est des amortissements. 109 milliards. Donc, vous imaginez? D’un côté, on emprunte 129. De l’autre côté, on paie 109 uniquement pour faire face au remboursement du stock accumulé. Si on s’endetter, c’est 100. Va t on s’endetter pour investir? Pour se développer? Ou des rebonds? C’est peut être beau, mais là, on ne se raconte pas d’histoire. On s’endette pour payer des dettes, pour honorer, honorer les dettes qui se sont accumulées. Oui, mais il y a un autre chiffre nous le dit comme ça. L’investissement dans le budget de l’État, parce que c’est ça qui compte. L’investissement dans le budget de l’État, il va atteindre 106 milliards? Oui, c’est à dire que le service de la dette est supérieur. Le service de la dette est supérieur aux investissements qu’on va réaliser. Je pense que cette situation se passe de commentaire. En réalité, elle montre à quel point la réalité est bien au delà de la fioriture, du discours etc La réalité malheureusement des finances publiques, elle est très très problématique. Alors si vous me dites troisième ou un troisième point évoqué, évoquer évidemment les mesures fiscales. Et parmi les mesures fiscales, il y en a plusieurs. On n’a pas le temps d’entrer dans le détail de toutes, mais je pense qu’il faut quand même au moins. Vous avez évoqué tout à l’heure. Est ce que cette loi de finances serait pour les grandes entreprises? Oui, malheureusement. Vous savez, moi je dis toujours les lois de finances et c’est un moment de vérité. En fait, c’était un moment. Au delà des discours, vous avez des chiffres en face, vous avez des faits, vous avez des mesures. Qui disent tout. Au delà des discours, et en l’occurrence, on le sait, on le sait depuis sa Constitution, ce gouvernement, je le dis clairement, sans animosité aucune, parce que c’est la réalité. C’est un gouvernement. De conflit d’intérêts. C’est un gouvernement qui de bout en bout en fait. Fait le mélange. Entre les affaires et la politique. On fait sans, mais la politique met la politique au service des affaires. Ça, on le sait depuis la constitution de gouvernement. Maintenant, on a une loi de finances qui nous précise concrètement les choses. Qu’est ce que ça veut dire? Un gouvernement qui est au service, pas simplement du patronat, du grand patronat en parle, pas des petits, de la petite et moyenne entreprise. Vous allez voir. Au contraire, il va pâtir de l’évasion fiscale. L’exemple le plus frappant, c’est l’impôt sur les sociétés. Vous imaginez alors qu’est ce qu’on va appeler la réforme de l’impôt sur les sociétés? Qu’est ce qu’on va? Qu’est ce que c’est concrètement aujourd’hui? Vous avez les entreprises qui réalisent des bénéfices supérieurs à 1 million de dirhams paie un taux de liège de 31 %. Les entreprises qui font entre 300 000 dirhams et 1 million de dirhams paient 20 %. Et les entreprises? Les petites et moyennes entreprises qui font moins de 300 000 dirhams de bénéfices. Paye 10 %. Et d’ailleurs, il faut bien se rappeler maintenant avoir un peu la mémoire parce que sur les dix dernières années. Ou justement, on avait entamé ce mouvement de baisse du taux de l’impôt sur les petites et moyennes entreprises parce que ce taux était de 20. Il a abaissé à 10 à 15 % puis à 10 %. Quel était l’argument? Du gouvernement, des gouvernements qui réduisait ces taux, c’était justement de dire les petites et moyennes entreprises n’ont pas assez de ressources. Il faut les encourager, etc. Très bien. Eh bien dans cette loi de finance, on fait l’exact contraire. Des SLA, c’est à dire que les taux le taux de 30 %. Qui précisément concerne les gros profits, va baisser à 20 % alors selon un calendrier sur quatre ans entre 2023 et 2026, mais il va baisser de 31 % à 20 %. Mais en revanche les. Entreprises. Les PME qui déclarent moins de 300 000 dirhams et qui sont soumis actuellement à 10 % vont voir leurs taux doubler. Passer de 10 à 20 %. Oui, réduire la charge fiscale sur les gros pour l’alourdir sur les petits. Je caricature à peine. Mais c’est la réalité. Et si vous voyez bien comment on a un gouvernement en fait, qui ne pense d’abord qu’effectivement qu’aux grandes entreprises, qu’aux grands patrons, pas aux petits et moyens. J’ajouterais même une autre mesure qui va dans le même sens et qui montre en fait que ce gouvernement est effectivement d’abord et n’est préoccupé en fait que par la baisse de la charge fiscale sur le capital, pas sur le travail sur le capital. Vous avez aujourd’hui les dividendes. Et produit des actions. Des parts sociales sont soumis à. 15 %. Un prélèvement à la source de 15 %. Ben dans cette loi de finances. Même ce taux lui va baisser à 10 %. Voyez au moment ou on abaisse la charge fiscale sur le capital, sur les hauts revenus, chez les grands, les profits. On augmente la charge fiscale sur les petits, les bénéfices des petites, des petites et moyennes entreprises. Est ce que il y a un commentaire supplémentaire à faire sur ça? Alors pour être complet, on va vous dire mais oui, mais les profits, tenez vous bien, supérieurs à 100 millions de dirhams? Vont voir leurs taux passer de 31 à 35. Et les banques et les compagnies d’assurance à 40? Très bien. Ce qu’on oublie simplement de dire. D’abord, c’est de notoriété publique et les responsables sont toujours les premiers à le dire au niveau de ces grandes entreprises. On sait qu’en fait, ces entreprises ont les moyens. Les moyens de se payer les services des experts comptables, des conseillers juridiques, des experts de toutes sortes pour en réalité minimiser le bénéfice. Qu’ils déclarent et en réalité, ils ne paient réellement que ce qu’ils veulent parce qu’ils ont les moyens de déclarer ce qu’ils veulent. N’oubliez pas une chose, ça aussi, c’est que c’est une. C’est un fait. Des chiffres officiels, quasiment 70 % des entreprises s’arrangent, s’arrangent, s’arrangent pour déclarer des déficits tout simplement. Et donc ne sont même pas concernés par l’impôt. Oui donc ces entreprises en réalité? Pour les métiers à 31 % ou 35 % ou 40 %. Ce n’est pas ça le problème pour elle. Puisque elles savent qu’elles peuvent s’arranger. Pour présenter, pour déclarer les bénéfices qui correspondent aux impôts qu’elles veulent bien payer. Donc si c’est une, c’est une, c’est une cession. C’est une mesure un peu en trompe l’oeil. La réalité, je répète malheureusement, c’est qu’on est face à des mesures fiscales qui sont si très significatives puisqu’elles se traduisent par un accroissement de la charge fiscale des petits et une baisse de la charge fiscale des gros. Je rappelle jeux. En utilisant ces mots, je caricature à peine. 

 

 

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