Économie

Ligne de crédit modulable du FMI: Quésaco et quid des conditions pour le Maroc ?

Les négociations continuent, selon le Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), entre le Maroc et le Fonds monétaire international (FMI) pour bénéficier d’une ligne de crédit modulable (LCM), un mécanisme de financement réputé par sa souplesse et assure aux pays admissibles un accès immédiat à un montant élevé de ressources du Fonds sans conditionnalité continue.

La LCM a été créée dans le cadre de la réforme engagée par le FMI pour modifier les conditions d’octroi des prêts aux pays qui traversent des difficultés de trésorerie, mais qui présentent une politique et des antécédents économiques très solides pour prévenir et résoudre des crises.

Dans ce sillage, et au regard de ses avantages par rapport à la ligne de précaution et de liquidité (LPL), la LCM sera envisagée en mars si le Maroc remplit un certain nombre de conditions, notamment la sortie de la liste grise du Groupe d’Action Financière (GAFI).

Que signifie donc l’obtention d’une LCM pour le Maroc ? et quid des critères d’admissibilité d’un pays à ce mécanisme de financement?

Un label de bonne qualité de la politique macroéconomique adoptée

De l’avis de l’économiste et spécialiste en politique de change, Omar Bakkou, ce genre d’instruments financiers consiste en un label de bonne qualité de la politique macroéconomique adoptée par le pays qui en bénéficie et ce, pour deux raisons principales à savoir la procédure « extrêmement pointilleuse » pour l’obtention de cette ligne et le statut même de l’organisme qui l’accorde, qui est le FMI.

S’agissant de la procédure, MBakkou a expliqué, dans une interview accordée à la MAP, que préalablement à l’octroi de cette ligne de financement, le FMI s’assure si les politiques menées par le pays demandeur avaient été évaluées positivement lors des dernières consultations effectuées conformément à l’article IV de ses statuts.

L’institution de Bretton Woods procède, par la suite, à une seconde évaluation du pays en question sur la base d’un ensemble de critères, dont la viabilité de sa situation extérieure, le niveau de ses réserves de change, la situation des finances publiques, la maîtrise du taux d’inflation et l’absence de problèmes de solvabilité bancaire, a précisé l’économiste.

En ce qui concerne le statut de l’organisme qui accorde cette LCM, le FMI reste l’institution chargée de la supervision du système monétaire international et exerce une forte influence sur la perception des marchés internationaux, des bailleurs de fonds étrangers et des agences de notation.

Pour toutes ces raisons, relève l’expert, ladite ligne reste un outil efficace de renforcement de la capacité du Maroc à faire face aux chocs mondiaux de plus en plus persistants et violents, en l’occurrence le choc pétrolier enclenché à partir de 2004, la crise financière de 2008 et l’actuelle crise de la Covid-19.

Et de noter que l’engagement du FMI à fournir au Maroc la possibilité d’effectuer un tirage sur la ligne de crédit à tout moment pendant une période déterminée, tout en lui assurant l’accès immédiat à un montant élevé de ressources du Fonds sans conditionnalité continue, permet de sécuriser, partiellement à moyen terme, le financement de l’économie nationale et, partant, d’éviter les incertitudes liées à la mobilisation de fonds dans un marché financier international dominé par les banques et les fonds privés de financement, et les perceptions fluctuantes des agences de notation.

Cette sécurisation du financement de l’économie marocaine agit ainsi comme une garantie accordée aux différents opérateurs économiques, nationaux et internationaux, contre une indisponibilité de devises et, par conséquent, un défaut de paiement.

Le NMD: clé de voûte pour réussir les négociations Eu égard à ses avantages précités, le Maroc poursuit les négociations pour accéder à la LCM qui lui fera d’ailleurs bénéficier d’une assurance précieuse qui reflète la confiance du FMI dans la politique économique du pays et dans sa capacité à prendre des mesures correctives le cas échéant.

Dans ce sens, la réussite des négociations repose principalement sur l’opérationnalisation de la stratégie de transformation préconisée par le Nouveau modèle de développement (NMD) qui contient toutes les recettes et solutions, affirme Bakkou.

Il s’agit principalement de la réforme budgétaire et de la Caisse de compensation, la réforme de l’éducation et la réforme du climat des affaires, compte tenu de l’incidence de cette dernière sur l’investissement, principal générateur de croissance, précise le spécialiste.

Le Wali de BAM, Abdellatif Jouahri, avait souligné, lors du point de presse à l’issue de la 4ème et dernière réunion trimestrielle de 2022 de la Banque, que la signature d’une LCM interviendra probablement en mars si le Maroc remplit certaines conditions, dont la sortie de la liste grise du GAFI.

Une visite des experts du GAFI est attendue entre le 16 et le 23 janvier prochains, avec pour objectif de s’assurer que le Maroc a procédé à l’application effective de leurs recommandations, selon Jouahri.

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