Société

Doutes sur les taux de réussite au baccalauréat 2024 suite aux perturbations de l’année scolaire

Le taux de réussite final au baccalauréat de cette année, atteignant environ 80 %, a suscité de larges débats parmi les observateurs de l’éducation au Maroc, notamment en raison des perturbations sans précédent dans le secteur éducatif. Ces perturbations incluent des grèves nationales s’étendant sur plus de 12 semaines et la suspension d’environ 500 enseignants, entraînant une perte significative de temps d’apprentissage et empêchant la couverture complète du programme scolaire.

Le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle a annoncé que le taux général de réussite aux sessions ordinaire et de rattrapage du baccalauréat 2024 était de 79,4 %, avec 347,861 élèves ayant réussi l’examen.

Said Akhitoush, expert en éducation, souligne que malgré la perte massive de jours d’école due à la tension dans le secteur éducatif, le taux élevé de réussite constitue une « ironie majeure que tout citoyen marocain, avant même les éducateurs et chercheurs spécialisés dans l’évaluation et la mesure éducatives, enregistrera ».

Il explique que la réussite des candidats à tout examen certificatif devrait être scrupuleusement évaluée selon trois critères principaux : le temps d’apprentissage, le contenu éducatif, et le cadre contractuel de l’examen. Akhitoush mentionne que le premier critère, le temps d’apprentissage, a subi une perturbation majeure, variée considérablement entre les élèves selon les jours de la semaine consacrés aux matières principales.

En ce qui concerne le contenu éducatif, l’inspecteur éducatif signale également de graves déséquilibres en raison de l’irrégularité des cours dispensés et de l’accumulation de leçons non traitées. De plus, le troisième critère, le cadre référentiel de l’examen, s’est avéré impraticable avec des calendriers d’examens précis, affectant ainsi la coordination entre les universités, les écoles supérieures et les institutions internationales accueillant les diplômés.

L’expert en éducation critique le manque d’alternatives, comme l’apprentissage à distance, pour maintenir la continuité pédagogique. Il accuse le ministère d’avoir opté pour la voie la plus facile en adaptant le contenu éducatif et le cadre des examens pour simplifier le processus et rassurer la population marocaine, tout en continuant à se féliciter des résultats positifs dans ce secteur en crise.

Il conclut en affirmant que les taux élevés de réussite ne reflètent pas seulement les perturbations causées par les grèves, mais aussi une volonté d’éviter la responsabilité politique, entraînant une simplification des examens en termes de contenu. Il met en garde contre les difficultés que rencontreront les nouveaux bacheliers pour répondre aux exigences des concours d’entrée aux institutions éducatives marocaines et internationales, soulignant que leurs résultats ne peuvent être comparés à ceux des années précédentes.

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