Crise au sein du PAM : Salaheddine Abou El Ghali dévoile les coulisses de son désaccord avec Fatima Ezzahra El Mansouri

Avec des termes aussi virulents que « comportement irresponsable » et « conduite despotique », Salaheddine Abou El Ghali, membre de la direction collégiale du Parti de l’Authenticité et de la Modernité (PAM), parti gouvernemental, a vivement contesté la décision de suspendre son adhésion, rendue publique hier mardi soir à l’issue d’une réunion du bureau politique.
Fustigeant sévèrement la gestion de son dossier par la coordinatrice nationale du parti, Fatima Ezzahra El Mansouri, il a résolument déclaré son intention de défier cette suspension en affirmant : « Je continuerai d’exercer pleinement mes prérogatives, je participerai à toutes les réunions du bureau politique, quelles que soient les circonstances. Ni la tyrannie ne m’intimidera, ni la domination ne me fera plier. Je défie quiconque osera ternir ma réputation ou mettre en doute mon intégrité, des valeurs que je défends depuis mon entrée au PAM dès sa fondation. »
Dans une déclaration détaillée de six pages, Abou El-Ghali a révélé sans ambiguïté l’origine de ses dissensions avec El Mansouri, qui remontent à février dernier, date de son accession à la direction collégiale du parti lors du quatrième congrès. Ce congrès avait inauguré l’expérimentation d’une direction collective en lieu et place d’un secrétaire général unique, une innovation qui, selon lui, a engendré des conséquences désastreuses pour le parti.
En premier lieu, Abou El-Ghali a dénoncé « le despotisme d’El Mansouri », qu’il qualifie d’« atteinte grave » à la charte d’éthique adoptée par le conseil national. Il a rappelé que l’article 13 de cette charte stipule que le bureau politique est habilité à suspendre l’adhésion d’un membre ou à adresser des avertissements, mais exclusivement en cas de poursuites pénales pour crime ou délit intentionnel lié à la gestion des affaires publiques. Cette procédure, précise-t-il, est totalement distincte de tout différend commercial privé.
L’article 14, pour sa part, prévoit que la commission nationale d’arbitrage et d’éthique statue sur la suspension de tout membre du parti condamné définitivement pour crime ou délit, à moins qu’il ne bénéficie d’une réhabilitation judiciaire.
Or, comme le souligne Abou El-Ghali, le conflit dont il est question est d’ordre strictement commercial, un différend privé entre deux partenaires d’affaires. « C’est une affaire personnelle entre deux individus majeurs et responsables, parfaitement capables de résoudre ce litige par eux-mêmes. Et si une solution n’était pas possible, c’est la voie judiciaire qui doit être empruntée, pas celle du PAM, encore moins celle de Madame la coordinatrice nationale, » tranche-t-il.
Dénonçant ce qu’il considère comme une multitude de violations dans la décision de sa suspension, Abou El-Ghali a martelé que « le bureau politique n’a aucune compétence légale pour se prononcer sur l’adhésion d’un membre de la direction collégiale du secrétariat général. » Dans une réplique cinglante, il lance : « Madame Mansouri, aveuglée par son désir de contrôle absolu, semble ignorer que les membres de la direction collégiale sont élus par le conseil national, et que seul ce dernier, conformément à l’article 88 des statuts du parti, est habilité à se prononcer sur leur statut. Par voie de conséquence, la révocation d’un membre de cette direction entraîne mécaniquement la dissolution collective du secrétariat général. »
En rejetant fermement ce qu’il décrit comme un « autoritarisme capricieux » manifesté à travers sa suspension, Abou El-Ghali insiste sur le fait que son opposition découle de son profond attachement aux principes du parti. Il révèle que « l’incident déclencheur » s’est produit en juin 2024, lorsque El Mansouri a accompagné Samir Kodar, président de la région Marrakech-Tensift-Al Haouz, à une réunion de la majorité gouvernementale à Rabat, et a diffusé une photo de cet événement, en compagnie des chefs des partis de la coalition. « Je lui ai fait remarquer, en toute fraternité politique, qu’elle aurait dû être accompagnée par un membre de la direction collégiale du secrétariat général. Depuis ce moment, le différend n’a fait que croître. »
Abou El-Ghali précise que le comportement autoritaire d’El Mansouri a commencé à s’exacerber après la clôture du cinquième congrès national en février 2024, moment à partir duquel il n’a cessé de demander que les résolutions du congrès soient mises en œuvre dans le respect des engagements pris non seulement envers les membres du PAM, mais également envers Sa Majesté le Roi et le peuple marocain, qui ont placé leur confiance en eux pour en faire la deuxième force politique du pays. « Notre objectif est de devenir la première force politique nationale, mais Madame El Mansouri semble avoir d’autres priorités », déplore-t-il.
Chaque fois qu’il a insisté pour ouvrir les chantiers de réforme organisationnelle et politique, la tension est montée d’un cran. « Son unique préoccupation, au début, était de préparer les prochaines élections, non pas en renforçant les compétences internes du parti pour relever ce défi, mais uniquement en sélectionnant des « candidats » susceptibles de garantir une victoire électorale. Aujourd’hui, elle consacre toute son énergie à organiser des rencontres, parfois secrètes, avec des personnalités qu’elle seule choisit en vue du remaniement gouvernemental imminent, dissimulant soigneusement ses critères de sélection et la liste des personnes qu’elle compte proposer au Premier ministre, » poursuit-il.
En outre, Abou El-Ghali est revenu sur la nomination de Fatima-Zahra EL Mansouri en tant que coordinatrice nationale, précisant qu’elle « n’est qu’une membre à égalité avec les autres membres de la direction collégiale. » Il explique que lui et Mehdi Bensaid avaient accepté de la nommer coordinatrice pour les relations institutionnelles et les consultations avec le chef du gouvernement.
« J’avais même proposé de constituer un comité élargi pour la sélection des ministres, dans un souci de transparence, afin d’éviter que certains proches n’accèdent à des postes sans compétence ni mérite. » Ce désaccord, a poussé El Mansouri à inventer de faux prétextes pour l’écarter à ce moment critique et permettre à Samir Kodar de prendre sa place, en violation flagrante des décisions du parti et des règles en vigueur. « Je vais partager avec l’opinion publique les statuts, le règlement intérieur et le code d’éthique du parti, que j’ai personnellement co-rédigé avec la présidente de la commission nationale d’éthique, elle-même profondément choquée par ces absurdités, » conclut-il.
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