Politique

Projets en difficulté et autres annulés… El Abdi vend-il des illusions aux habitants de la région de Rabat ?

La récente évaluation intermédiaire des activités du Conseil de la région Rabat-Salé-Kénitra met en lumière l’échec du président Rachid El Abdi, représentant le Parti de l’Authenticité et de la Modernité, à honorer les engagements pris en matière d’exécution des projets programmés. Les chiffres révèlent un taux d’achèvement alarmant, ne dépassant pas 3 % pour certains projets, tandis que les frais de déplacement du président et de ses adjoints ont absorbé près de 500 millions de dirhams, sans résultats tangibles pour améliorer les conditions de vie des populations et réduire la marginalisation de nombreuses localités rurales.

Des données troublantes, rapportées par un document obtenu par le journal « Al Oâmk fr », indiquent qu’au cours des trois dernières années, le Conseil a validé 225 projets. Cependant, à l’aube de l’année 2024, seulement 46 de ces projets étaient achevés, dont deux annulés et deux en souffrance, soit un taux d’achèvement de 20,4 %. Parallèlement, 77 projets demeurent en attente de réalisation, tandis que 98 autres sont encore en cours d’exécution, représentant un taux global d’avancement de 43,6 %.

Selon les informations fournie, le Conseil affirme suivre l’évolution des projets par le biais de réunions de comités de suivi. En effet, ces comités ont tenu un total de 24 réunions pour assurer le suivi des projets. En outre, le Conseil utilise des conventions de partenariat avec ses partenaires ou recourt à l’Agence régionale pour l’exécution des projets, permettant de catégoriser les projets en fonction de leur statut d’achèvement.

Depuis le début de son mandat en 2021 jusqu’à l’année précédente, le Conseil a adopté 23 projets visant à renforcer l’attractivité et la compétitivité de la région ainsi qu’à stimuler les investissements. En parallèle, il a validé 61 projets pour garantir une infrastructure essentielle dans tous les districts et provinces, particulièrement dans les domaines des transports, de l’éducation et de la santé.

Le Conseil, sous la direction de Rachid El Abdi, a également approuvé 98 projets axés sur l’amélioration de l’intégration sociale et professionnelle des jeunes, des femmes et des groupes vulnérables. En outre, 14 projets ont été conçus pour positionner la région en tant que centre de connaissance et d’innovation sur le continent, en mettant l’accent sur la numérisation, tandis que 11 projets visent à renforcer la capacité d’adaptation de la région face au changement climatique et à protéger l’environnement, ainsi que 18 projets pour améliorer les capacités d’exécution de la région.

En ce qui concerne le financement, le Conseil a approuvé un programme de développement régional 2022-2027, doté d’un budget dépassant 21 milliards et 300 millions de dirhams. Ce programme comprend 95 projets répartis sur cinq axes fondamentaux, financés par les contributions de la région, des partenaires publics (ministères, institutions, entreprises publiques et collectivités territoriales) ainsi que des contributions privées à travers des partenariats public-privé.

Lors de sa dernière session ordinaire d’octobre 2024, le Conseil a également adopté le projet de budget principal et le budget annexe pour l’exercice 2025, avec des recettes de fonctionnement dépassant 940 millions de dirhams et des recettes d’investissement atteignant 816 millions de dirhams.

Les décisions du Conseil au cours des trois dernières années, totalisant 246 points, se répartissent entre 188 mesures de développement, 35 mesures réglementaires et 23 mesures financières. Le taux d’achèvement des projets a été particulièrement préoccupant, atteignant seulement 3 % en 2021, 44 % en 2022, puis diminuant à 29 % en 2023, pour revenir à 24 % en 2024, avec 77 projets en attente de signature et 111 projets signés, représentant 188 conventions ou avenants.

En termes d’impact, le taux des projets visant à améliorer l’attractivité et la compétitivité de la région s’établit à 25 %, tandis que le taux d’achèvement des projets liés à l’intégration sociale et professionnelle des jeunes, des femmes et des groupes vulnérables n’atteint que 9 %. Les projets liés à l’adaptation au changement climatique et à la protection de l’environnement affichent un taux d’achèvement de seulement 4 %, et ceux visant à renforcer les capacités d’exécution de la région, 3 %.

En ce qui concerne la gestion financière des budgets alloués aux projets, les engagements relatifs aux projets de développement de la région s’élèvent à 1,855 milliards de dirhams, soit plus de 50 % des crédits réservés aux projets en phase de réalisation. Le taux de réalisation s’élève à 48,75 %, avec un montant de 1,698 milliards de dirhams alloué, alors que la majorité des projets engagés ont été exécutés à hauteur de 91,51 %.

Les projets des deux premiers axes occupent les premières places en termes d’engagements et de performances, en raison de leur importance cruciale et des démarches nécessaires pour réaliser les projets des autres axes, qui impliquent un grand nombre de partenaires et nécessitent des études approfondies.

Défaillances et recommandations

Pour identifier les défaillances susceptibles de freiner la mise en œuvre des programmes et projets, des conseillers de l’opposition ont souligné que le document ne mentionne pas ces points critiques, bien qu’un accent particulier aurait dû y être mis pour établir une base d’étude et proposer des solutions. Ils ont également signalé le non-respect des délais prévus dans le décret relatif à l’élaboration du programme de développement régional, malgré le contexte favorable et le soutien essentiel accordé au Conseil par les autorités locales.

Bahaa Eddine Akdi, membre du Conseil représentant le Parti de la Justice et du Développement, a souligné un écart significatif entre les chiffres validés et ceux approuvés par le ministère de l’Intérieur, suggérant que cela nécessite un nouvel examen par le Conseil. Il a également noté l’absence d’une évaluation objective de l’exécution du programme de développement 2017-2021, ainsi que le manque d’une liste de projets concernés par la contribution régionale dans le cadre des programmes de développement dans les provinces de Khémisset, Sidi Kacem, Sidi Slimane et la province de Salé.

Akdi a mis en lumière le fait qu’« au-delà de 40 % des accords approuvés sont toujours en attente de signature (77 sur 188) », soulevant ainsi des questions sur le niveau de coordination préalable avec les partenaires. En outre, le document d’évaluation intermédiaire indique que le nombre de projets soutenus par le Conseil a atteint 225, dont deux ont été annulés sans explication.

Un membre du Conseil a précisé que, selon les données recueillies lors de la réunion conjointe des comités, deux barrages ont été construits par le ministère, tandis que deux projets restent bloqués, dont la création de deux pôles universitaires à Khémisset et Sidi Kacem, en raison des retards du ministre de l’Enseignement supérieur, issu du même parti que le président du Conseil, à honorer les engagements de son ministère.

Pérénisation de la marginalisation

Les conseillers ont estimé que l’évaluation du bilan devrait également mesurer des indicateurs d’impact, notamment en ce qui concerne la création d’emplois, le développement économique, l’augmentation du pouvoir d’achat, la réduction de la pauvreté et de la vulnérabilité, ainsi que l’élévation de la contribution de la région au produit intérieur brut national. Ils se sont interrogés sur les raisons du retard dans le lancement des projets programmés pour 2024, dans le cadre du programme de réduction des disparités territoriales, et ont déploré l’absence d’une évaluation objective de la mise en œuvre de ce programme lors de sa première phase.

Dans ce contexte, des conseillers ont plaidé pour une révision de la répartition des ressources du budget annuel afin d’assurer un soutien accru aux secteurs vitaux comme l’éducation et la santé, tout en veillant à un partage équitable de ces projets entre les provinces de la région, majoritairement rurales. Ils ont également appelé à inclure ces provinces parmi les priorités des projets lancés par le Conseil afin de lutter contre les carences et la marginalisation persistantes.

Mounia El-Baz, présidente du groupe du Parti Constitutionnel au Conseil, a souligné que plusieurs douars des provinces de la région souffrent de problèmes d’infrastructure et de services de santé, ainsi que d’un manque d’équipements et de personnel, sans oublier les difficultés rencontrées dans le domaine éducatif. Elle a déclaré : « Nous constatons que de nombreux jeunes abandonnent leurs études en raison de l’absence de transports scolaires, ce qui impacte directement la continuité de leur éducation. »

Concernant les accords relatifs à l’infrastructure touristique de la région, la conseillère a déclaré : « Nous reconnaissons l’importance de ce secteur pour dynamiser l’économie régionale et proposons d’inclure d’autres zones touristiques sous-exploitées, comme la ville de Moulay Bousselham, afin d’élargir le bénéfice économique et d’améliorer les infrastructures dans les zones rurales. »

En outre, sur les projets de coopération avec les conseillers ont mis en lumière l’absence d’une approche claire et stratégique pour la mise en œuvre de ces projets. Ils ont demandé que les conventions établies avec les collectivités territoriales soient renforcées par un suivi rigoureux et des évaluations périodiques pour garantir leur efficacité.

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