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Draa Tafilalet, heureusement qu’on est les derniers et en retard!

On est les derniers, on est la dernière région à être créée, on est la région la plus pauvre, on est en retard et tout reste à faire. Les qualificatifs ou plutôt les « disqualificatifs » ne manquent pas.

Et ben! Tant mieux, car on aura le temps, peut être, de faire autrement et mieux à une seule condition: qu’une volonté politique et consciencieuse pour ce faire anime les responsables politiques locaux, l’administration centrale et bien sûr la société civile étant donnée qu’elle fait partie intégrante du processus de la régionalisation avancée. C’est là la clé de voûte, le grand enjeu et le défi à la fois que devront relever ces acteurs lors de la décennie à venir pour cette nouvelle région, berceau de la dynastie Alaouite. Les infrastructures routières ont besoin d’un grand lifting pour celles qui existent déjà. Puis devra suivre un vrai plan pour la connectivité des centres urbains, rurbains, le désenclavement des zones rurales et montagneuses au niveau local.

Les efforts louables au niveau local en ce qui concerne les routes non classées sont à continuer. Le deuxième volet concerne la connectivité au reste du royaume à travers des plans inter-régionaux, y compris le rail, et au monde via des liaisons aériennes sans escales. Les efforts déployés pour le renforcement de l’axe marrakech Ouarzazate sont de nature à atténuer la problématique du désenclavement sans que ce soit suffisant. Il devient plus qu’urgent de lancer un PPP ou un grand chantier national pour la construction d’un tunnel.

La démarche partenariale de la région avec certaines compagnies aériennes pour desservir les trois aéroports de la région à elle seule ne peut être garante d’une pérennité absolue. Il faudrait chercher d’autres levier d’action dans ce domaine car des solutions alternatives existent sans avoir à engager des deniers publics.

Le développement du tourisme ainsi que le développement d’un vrai décollage des activités économiques de la région dépendent de ce désenclavement tant souhaité. L’éducation doit être une priorité nationale pour cette région qui n’a toujours pas son pôle d’excellence universitaire. Il est temps de s’intéresser à la matière grise de Draa Tafilalet autant que ses matières premières.

Les deux étant liées de fait. Les anciens lauréats issus de la région, ayant pour la majorité poursuivis leurs cursus dans de grandes écoles et universités situées à des centaines de kilomètres de la région, l’ont déserté. Non de gaité de cœur, mais parce que ne trouvant ni enseignement supérieur où ils peuvent exercer ni un système éducatif adéquat pour leur progéniture. À cet égard, saluons les efforts de la création et de l’extension des classes préparatoires à Ouarzazate.

C’est là un axe qu’il faudra développer encore davantage dans les autres provinces et au sein des autres pôles urbains afin de faire émerger une élite de l’excellence pour l’avenir de l’économie de la région. Il en va de même pour la création d’un centre régional d’innovation et de recherches axé sur les matières premières de la région, les énergies renouvelables entre autres. La santé constituant un droit fondamental de la population doit devenir une autre priorité car elle est également un critère de développement et d’attractivité.

Sans installations sanitaires convenables, la région ne sera pas en mesure d’accueillir ni touristes ni investisseurs dans des conditions optimales. Ce volet est lié à la création urgente d’un ou deux CHU dans la région quitte à ce que ça soit un partenariat public privé ou un CHU militaire compte tenu que la région abrite tout de même des casernes militaires. Une discrimination positive est à mettre en œuvre dans ce domaine afin d’inciter médecins et cadres de santé à s’installer dans la région. L’économie qui vient en bout de cette chaîne ne décollera tant que la connectivité n’est pas là, tant que la formation adéquate n’est présente et tant que les installations sanitaires et éducatives ne sont sur le terrain.

Saluons ici les dernières mesures annoncées par le souverain, notamment celles qui concernent les CRI et les délais de traitement des dossiers, la dernière circulaire concernant les terres collectives pour libérer du foncier et les retraits des autorisations minières aux spéculateurs. Ce sont là quelques pistes non exhaustives, beaucoup reste à faire en agriculture et agrotourisme. Et si la région misait sur les économies vertes et tout ce qui va avec en amont? Ça c’est toute une autre histoire dans un prochain article.

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