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BREFS PROPOS SUR LE CONFINEMENT

Chers confinés (femmes et hommes),

Durant mes jours de confinement (‘uzla, khulwa), je m’offre café et fruits confits  et autres douceurs, et ce avant de m’attaquer à la lecture curative et féconde, et à l’écriture comme thérapie et pour ne pas perdre la main.

Nous aurions,  me semble-il, la vie sauve si notre confinement nous incitait à pratiquer la double culture, physique et mentale. C’est à cela que je m’attelle, autant que je peux,  pour ne pas trop me focaliser sur l’infâme et massivement meurtrière  Corona- virus covid-19, et c’est ce dont je témoigne.

Puissent mes propos, ci-dessous consignés, contribuer, un tant soit peu, à affronter cette terrible épreuve pandémique, sachant bien que l’humanité en a connu d’autres de par le passé, avec en moins les progrès de la médecine et de la pharmacopée qui sont les nôtres. Et donc disons avec Hölderlin : « Là ou croît le péril, croît  aussi ce qui sauve ».

Ce qui me sauve ou plutôt  me remet à flot, m’incitant à avoir le goût des autres et à fraterniser avec les survivants, c’est de me retrouver en état d’ascèse avec mes symphonies de toujours : Carmen, Carmina Bourana, La traviata, Hymne à la joie et les muwachahâts, et bien d’autres merveilles qui m’enchantent et font vagues douces et sérénisantes dans mon âme et mes sens. Alors, ma femme la confinée et moi-même nous dansons un slow attendrissant,  puis je lui raconte des blagues drolatiques qui nous font, malgré tout, pouffer de rire.

D’autre part, me confiner ne rime en rien avec esseulement  ou retraite décadente et maussade, mais avec retour à mes repères lumineux et éparses qui sont, en supplément à la musique, les sublimes poèmes que je déclame de mémoire à ma femme en cinq langues diverses, mais n’ayant cependant  qu’une seule déesse : l’immaculée  Beauté  et un seul mihrâb, lequel n’est ni oriental ni occidental, mais les deux à la fois, harmonieusement combinés et se partageant les mêmes rayons solaires et les mêmes  clairières.

De même, mon confinement m’octroie généreusement une belle opportunité pour revisiter La Peste d’Albert Camus, L’amour au temps du Choléra de Gabriel Garcia Marquez, Le régime du solitaire (Tadbir al mutawahid) d’Ibn Baja et certaines  biographies, comme celle de Tchaïkovski, mort du choléra, celle du sultan saadien Ahmed Addahbi, mort de la peste,  sans oublier Ibn Khaldûn dont parents et maîtres ont péri de la peste noire du milieu du XIVe siècle, peste à laquelle j’ai consacré des pages dans mon Le roman d’ Ibn Khaldûn, etc.

Man khalâ wa lam yajid, famâ khalâ, disait  le grand Cheikh Ibn Arabi.  J’espère que ce n’est pas mon cas. Car m’étant pris en aparté,  confinement oblige, j’ai trouvé et retrouvé moult choses que j’ai  tenu  à vous faire partager aimablement.

Enfin, est-il preuve de prévenance et de délicatesse plus pure que celle fournie par l’empereur stoïcien Marc-Aurèle, au seuil même de ses Pensées pour moi-même. Car sur le terrain mouvant du libre-arbitre humain, ne voulant importuner ni gêner personne, il laissa toute latitude aux lecteurs  de le suivre dans ses méditations (rédigées entre deux batailles) ou de lui tirer leur révérence quand bon leur semble.

Pouvoir et sagesse ont rarement fait bon ménage. A cette règle quelques exceptions au sommet desquelles figure notre empereur-philosophe, qui mourut emporté par la peste au cœur de son empire Rome, sans laisser d’héritiers dignes de perpétuer ses précieux apports !

Quant à moi, je tire, à mes heures pénibles, une leçon bénéfique de l’une de ses stoïques pensées  qui invite à contempler les astres comme si avec eux on tournait. Et cela voudrait dire muter, changer  cap et boussole et  paradigmes aussi, et pourquoi pas nous délester, en la matière,  de notre  confinement subi pour renaître  à un autre choisi, intelligent, flexible, altruiste et aspirant passionnément à la vraie vie et à la souveraine santé…«Ce qui ne nous tue pas nous rend forts », disait Nietzsche.» Peut être. Amen !

Votre obligé B. HIMMICH qui ne sera jamais Feu.

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