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Pour le marocain, la blancheur de la peau est la Beauté !

J’entends souvent le marocain désigné la blancheur de la peau comme la signature indiscutable de la beauté. Il décrit ainsi une belle fille ou un beau garçon par « Quelle blancheur, vraiment une beauté ».

Bien que je ne ferais pas ici un exposé philosophique sur  la définition de la beauté, je peux affirmer que la peau foncée ou noire, pour le marocain,  n’est pas du tout un attribut de  beauté.

Faut-il considérer le marocain raciste de la couleur de peau, ou plutôt comme un conditionné des critères acquis de la beauté depuis son enfance?

La situation se complique davantage lorsque je constate  que la majorité des marocains ont une peau bronzée, mais qu’ils se voient de peau claire. Ainsi, le marocain a intégré mentalement une échelle propre à lui quant aux couleurs de peau. Par exemple, la blancheur de la peau désignée par le marocain est complètement différente de la blancheur d’une personne des pays nordiques et il l’exprime ainsi par « Peau blanche comme le blanc d’œuf ». Si nous prenions un marocain qualifié comme ayant la peau blanche et que nous le comparions avec un scandinave, le marocain paraitrait de couleur très bronzée, du moins pour ne pas dire noire.

Mais aussi, le marocain différencie la peau noire d’un nigérien de celle d’un maghrébin. Ainsi, pour désigner un noir marocain, il va dire «  Il est tout noir comme un africain ». Je me pose alors la question « Si le marocain ne se voit ni africain ni européen, qu’est-il ? »

Je peux qualifier aisément le marocain de raciste, mais je préfère me concentrer sur sa perception de la peau noire et blanche et des troubles de schématisation identitaire.

Une autre question, pourquoi  le marocain désigne une fille marocaine de couleur noire, c’est-à-dire pas blanche, par une formule très trompeuse et hypocrite : « On dirait une cacahuète grillée » afin de  la différencier d’une noire africaine. Toutefois, je ne le vois jamais désigner une noire africaine de cacahuète grillée, mais plutôt de ‘Nègre’ avec l’expression « Noire comme du charbon ou bien comme une olive noire, ou bien 3aziya »  afin de bien la différencier de la noire marocaine.

D’ailleurs, il est rare au Maroc de trouver un homme de peau noire marié à une femme de peau claire. En revanche, beaucoup de filles de couleur de peau blanche sont mariées à des hommes de peau noire qualifiée de peau bronzée. Peut être parce que selon les marocains et comme le dit le dicton «l’homme n’a pas de défauts » et aussi car il est supérieur à la femme et peut choisir avec qui se marier. Tandis que la femme marocaine, souvent très jeune et déscolarisée,  se marie sous les contraintes parentales et sociales économiques car « La femme a besoin d’un mari pour la nourrir, ystarha et par conséquent elle n’est pas en position de choisir l’homme qui va partager sa vie ».

Pour ne pas souffrir du complexe de la peau blanche, de ne pas paraitre raciste et d’être en cohérence avec l’Islam, le marocain a dû changer sa perception psychique de la couleur de peau en se désintégrant de l’Afrique (les africains sont noirs) devenant ainsi maghrébin, quelque chose à mi-chemin entre le blanc et le noir. Mais il a dû aussi remanier  sa propre représentation identitaire psychique, au point que sa couleur de peau ne soit plus noire, mais plutôt blanche bronzée comme « une cacahuète grillée » avec le leurre qu’elle est  très désirée et recherchée par les blancs européens !

Docteur Jaouad MABROUKI, Psychiatre, Chercheur, Expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe

 

 

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