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le parti de l’Istiqlal demande l’amendement de la loi de Finances pour faire face à la crise sociale

Le deuxième parti d’opposition estime que le gouvernement ne doit pas prendre à la légère les manifestations contre la vie chère. Le parti de l’Istiqlal demande un redressement urgent du pouvoir d’achat des Marocains.

Il y a une semaine, le chef du gouvernement, Saadeddine El Othmani, a reçu une correspondance assez inhabituelle de la part du parti de l’Istiqlal (PI, deuxième parti d’opposition). Les deux groupes parlementaires du parti de la balance, au sein des deux Chambres, ont déposé un mémorandum présentant un projet de loi de Finances 2018 rectificative. Un document contenant une série de mesures à caractère social, principalement, en plus d’un diagnostic de la situation actuelle du pays.

Une première, à travers laquelle l’Istiqlal demande à Saadeddine El Othmani d’amender la loi de Finances actuelle « dans les plus brefs délais ».

Hausse des salaires et exonérations fiscales

Parmi les mesures proposées, l’Istiqlal demande d’instaurer une hausse des salaires des fonctionnaires en deux étapes, avec une augmentation de 200 dirhams (18 euros) des salaires mensuels à partir du 1er juillet 2018. La deuxième tranche de l’augmentation devrait être décidée par la suite dans le cadre d’un dialogue entre les partenaires sociaux. « Les deux derniers gouvernements ont rompu avec le dialogue social et cela fait plus de six ans qu’aucun accord n’a été trouvé dans le cadre des discussions avec les différentes formations syndicales », explique Adil Benhamza, membre influent de l’Istiqlal.

Le parti dirigé par l’ancien ministre des Finances, Nizar Baraka, prône une augmentation des revenus annuels exonérés d’impôts de 30 000 à 36 000 dirhams. En matière fiscale, le mémorandum contient une proposition que les parents d’élèves devraient particulièrement apprécier. Le parti de l’Istiqlal demande qu’une déduction fiscale des frais de scolarité, plafonnée à 6 000 dirhams par an, soit appliquée pour chaque enfant scolarisé dans le secteur privé.

« L’État a levé le pied sur l’enseignement et il est inconcevable que des parents paient autant d’impôts alors qu’ils envoient leurs enfants dans une école privée. Dans plusieurs cas, une grosse partie du salaire est absorbée par l’éducation », tance Adil Benhamza.

Nous assistons à ce qui ressemble à une deuxième vague du printemps arabe

Hormis ce volet lié aux revenus de la population, l’Istiqlal surfe sur la vague des dernières grognes populaires, notamment la campagne de boycott des trois marques commerciales enclenchée depuis le 20 avril sur les réseaux sociaux. L’augmentation du pouvoir d’achat a donc, logiquement, été au centre de son mémorandum. Ainsi, pour le PI, il faut mettre en place des mécanismes prévisionnels pour être en mesure de faire face à l’impact de l’évolution potentielle des prix internationaux.

« Nous assistons à ce qui ressemble à une deuxième vague du printemps arabe. Ce qui se passe en Jordanie doit nous interpeller, car au Maroc nous accusons presque les même problèmes et des revendications similaires », affirme Adil Benhamza.

Au début de son mémorandum, l’Istiqlal explique en effet que le pouvoir d’achat des familles s’est considérablement dégradé. D’où l’urgence d’adopter des mesures de redressement.

Le mémorandum soumis par l’Istiqlal […] est insuffisant », affirme Mustapha El Khalfi

Le gouvernement dit niet

Mais le gouvernement islamiste ne semble pas vouloir y répondre. Jeudi 31 mai, à la sortie du Conseil du gouvernement hebdomadaire, le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, a précisé que « le mémorandum soumis par l’Istiqlal à la présidence du gouvernement est insuffisant ».

Une réponse politicienne, selon les cadres de l’Istiqlal, pour fermer la porte à leur demande. « Nous sommes au mois de juin et nos équipes sont déjà à pied d’œuvre pour préparer le projet de la loi de Finances 2019, c’est dire à quel point il est lourd d’élaborer un tel document », nous explique une source gouvernementale. Pour elle, la proposition de l’Istiqlal n’est ni plus ni moins « qu’une tentative de récupération » de la vague du boycott.

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