Économie، Politique

Les économistes istiqlaliens critiquent « les insuffisances » du projet de loi rectificatif des finances

L’alliance des économistes istiqlaliens (AEI) ne mâche pas ses mots à l’égard du projet de la loi des finances rectificative (LFR) de 2020 en discussion, cette semaine, au parlement. Elle s’est dite surprise par son contenu et a exhorté le gouvernement à en rattraper les insuffisances «conformément aux attentes des opérateurs économiques et aux aspirations des citoyennes et citoyens».

Après l’examen de son contenu, l’AEI a estimé, selon un communiqué reçu par le journal « Al Oâmk », que le projet se caractérise par «un manque de clarté et de cohérence … et ne constitue ni un outil d’austérité, ni un instrument de stimulation de l’offre, ou de soutien à la demande ».

Selon elle, « Il ne comporte pas de dispositions significatives pour préserver les emplois, ni de moyens pour réaliser le taux de croissance (ou de récession) projeté par le gouvernement, en vue de limiter les dégâts socioéconomiques de la crise sanitaire ».

L’AEI souligne également « l’absence de mesures claires et volontaristes pour contenir la récession attendue et limiter le recul substantiel du pouvoir d’achat des citoyens, particulièrement des classes moyennes et pour sécuriser un revenu minimum des salariés, des indépendants et des autoentrepreneurs ayant perdu leur revenu suite à cette crise. Elle constate qu’il maintient « les mêmes priorités que celles de la loi des finances initiale alors que le contexte actuel est marqué par l’arrêt des activités de près de 100 jours ».

Le projet de LFR n’affiche pas la volonté du gouvernement de veiller à une utilisation rationnelle des ressources publiques, ni à un meilleur ciblage des dépenses, notamment, à travers une réduction substantielle du train de vie de l’administration.

L’AEI marque son étonnement du fait que « le gouvernement s’est contenté de régulariser certaines décisions prises par le comité de veille économique, d’actualiser certaines hypothèses, et d’intégrer quelques modifications au niveau des budgets de certains départements ministériels. Les secteurs dits prioritaires n’ont pas vu leurs ressources augmenter comme on pouvait s’y attendre ».
Elle critique, par ailleurs, le fait « le PLFR n’apporte pas de mesures significatives permettant de soutenir les secteurs économiques les plus touchés par la crise, que ça soit au niveau du budget général, des budgets des services gérés de manière autonome, ou des comptes spéciaux du trésor.

L’AEI rappelle qu’elle a fait des propositions pour la sauvegarde des entreprises et des emplois en général et pour les secteurs du logement, du tourisme, de l’artisanat et du digital, en particulier ».

Elle constate « l’absence de mesures concrètes incitant les entreprises et établissements publics à une participation volontariste aux efforts engagés pour dynamiser les activités économiques et appuyer les entreprises nationales, notamment à travers un meilleur ciblage de leurs dépenses et l’application effective de la préférence nationale ».

En ce qui concernées les données chiffrées du projet, l’alliance indique que certains d’entre elles ne reflètent pas la réalité de l’impact de la crise sanitaire sur le cadre macroéconomique. En effet, l’évolution des activités économiques durant le premier et le deuxième trimestres 2020, indique clairement que le taux de récession de cette année dépasserait les 6% du PIB au lieu du 5% projeté par le gouvernement.

Les données relatives à l’exécution de la loi des finances à fin mai 2020, notamment le recul manifeste des recettes fiscales, montrent, aussi, que le déficit budgétaire de l’année 2020 atteindrait 8% du PIB, et qu’il dépasserait 9%, si on ne tient pas compte du solde du compte d’affectation spéciale « COVID 19 ».
Par ailleurs, l’AEI souligne que l’autorisation d’augmenter le seuil d’endettement à 76 milliards de dirhams pour la dette intérieure et à 60 milliards pour la dette extérieure, se traduirait par l’aggravation du taux d’endettement public à plus de 90% du PIB. Dans ce cadre, et afin de préserver notre souveraineté économique, l’alliance invite le gouvernement à une utilisation plus rationnelle de ces dettes et à un meilleur ciblage de projets directement productifs pour un développement local inclusif, durable et créateur de richesses et d’emplois dans les différents territoires du Royaume.

Il s’agit particulièrement de favoriser le lancement de projets de désenclavement de zones reculées en les équipant en routes, en eau, et en électricité et de généraliser l’équipements du pays en énergies renouvelables et sa connexion à internet.

Parallèlement, et compte tenu de la dégradation de notre balance des paiements en raison des baisses continues de la demande extérieure adressée à notre pays, des IDE, du tourisme et des transferts des MRE, l’alliance exhorte vivement le gouvernement à mettre en place des mécanismes intelligents, non tarifaires, visant à n’importer que les produits et services strictement nécessaires et à promouvoir la production locale.

Enfin, l’AEI invite le gouvernement à être réceptifs par rapport aux propositions d’amendements des représentants de la nation, en vue d’améliorer ce projet de loi et de sauvegarder notre tissu productif, préserver l’emploi et soutenir le pouvoir d’achat des ménages marocains.

Pour rappel, le parti de l’Istiqlal a voté, lundi, contre le PLFR à la chambre des représentants par ce qu’il «ne répond pas aux aspirations et aux attentes des citoyens».

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