Le Maghreb dans la nouvelle géopolitique mondiale au cœur d’une conférence à Rabat

Le mercredi 25 octobre 2023, la Faculté de Droit de Rabat a accueilli une conférence intitulée « Le Maghreb dans la nouvelle géopolitique mondiale ». L’événement a été orchestré par la journaliste Farida Moha et a rassemblé les professeurs Driss Guerraoui et Louis Levet. L’organisateur de cette conférence était la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales de Rabat – Agdal.

La conférence a débuté par une introduction du doyen de la faculté, suivie par le discours inaugural du professeur Driss Guerraoui, président de l’Université Ouverte de Dakhla. Dans son exposé, Driss Guerraoui a exploré la position actuelle du Maghreb dans la géopolitique mondiale en identifiant quatre tendances significatives :

La première tendance évoquée par Driss Guerraoui est le déclin progressif de l’Occident, marqué par des problèmes économiques et la désindustrialisation. Il a également mis en lumière l’émergence de l’Afrique en tant qu’acteur majeur dans le nouvel équilibre mondial. De plus, il a souligné la montée des menaces sécuritaires, dans un contexte de régionalisation de la mondialisation. Enfin, il a abordé la recherche de nouvelles alliances géoéconomiques et géopolitiques par les États et groupes régionaux.

Ces tendances sont essentielles pour comprendre la situation actuelle du Maghreb, marquée par des disparités en matière de développement économique, social et infrastructurel au sein de la région. Malgré les défis politiques qui ont touché l’Algérie, la Tunisie et la Libye au cours des deux dernières décennies, la région n’a pas progressé significativement dans le processus d’intégration régionale. De plus, la part du commerce mondial représentée par les cinq pays du Maghreb est inférieure à 1%, avec seulement environ 3% de commerce intra-régional. La coopération entre les pays de la région a diminué depuis la création de l’Union du Maghreb Arabe en 1989.

Driss Guerraoui a souligné que pour comprendre le Maghreb actuel, il est nécessaire de prendre en compte les transformations majeures survenues depuis cette date au niveau démographique, économique, politique, social, technologique, géostratégique, militaire, sécuritaire et climatique.

Selon Driss Guerraoui, l’avenir du Maghreb repose sur l’unité. Aucun pays de la région ne peut réussir seul dans le contexte actuel. Il insiste sur la nécessité d’une nouvelle génération d’élites politiques visionnaires, capables de transformer les conflits en facteurs d’union et de réduire les inégalités en opportunités de développement. Cette approche vise à créer une culture de la concorde, du bon voisinage, du co-développement et de la solidarité parmi les sociétés maghrébines. Driss Guerraoui appelle également à la révision de l’accord de l’Union du Maghreb Arabe pour donner une nouvelle ambition à la région en matière d’intégration, en phase avec les défis du XXIe siècle. Il considère cela comme une nécessité impérieuse pour que le Maghreb ne reste pas en marge de l’histoire.

Le deuxième intervenant, le professeur Louis Levet, a abordé la question de la mondialisation. Il a souligné les évolutions historiques de cette période, passant de l’internationalisation à l’hypermondialisation, marquée par la financiarisation de l’économie. Louis Levet a analysé les aspects cruciaux de la mondialisation, notamment l’impact de la délocalisation de la production de biens essentiels. Il a également mentionné les facteurs qui fragmentent la mondialisation, tels que le protectionnisme américain, la crise en Ukraine et les événements en Israël. Il a souligné que cette fragmentation offre des opportunités de coopération renforcée entre le Maghreb, l’Afrique du Nord et l’Europe.

Louis Levet a rappelé l’importance de la jeunesse comme un atout essentiel pour l’avenir du Maghreb et de l’Union européenne. Il a mis en avant le rôle potentiel des jeunes, en particulier des femmes, dans le développement de la région. Il insiste sur le fait que cette jeunesse peut contribuer de manière significative en travaillant en Europe, en apprenant, puis en revenant dans leur pays d’origine pour servir de lien.

En conclusion, la conférence s’est achevée par la signature de l’ouvrage « Le Mal Algérien » par Louis Levet. Ce livre, co-écrit avec Paul Tolila, est une référence en matière d’analyse de la situation en Algérie. Il examine en profondeur les problèmes et les défis auxquels l’Algérie a été confrontée. L’œuvre résulte d’une mission officielle qui a duré cinq ans et demi en Algérie.