Nous lisions l’horreur dans les livres, nous la vivons aujourd’hui, Quand la faim devient une arme, le monde devient complice

Depuis octobre 2023, Gaza est devenue un abattoir humain à ciel ouvert. Et l’humanité, ou ce qu’il en reste, regarde. Sans agir. Pire : certains ferment les yeux. D’autres justifient. Et tous se rendent complices.
Avec plus de 58.000 morts et plus de Plus de 143 000 Palestiniens ont souffert de blessures dues aux attaques israéliennes, depuis octobre 2023. La population totale de la bande de Gaza équivaut environ à 2,1 millions d’habitants, dont plus de 70 % de femmes et d’enfants. Plus personnes ont été blessées, souvent grièvement, avec des amputations multiples, des brûlures, des traumatismes irréversibles. Des milliers d’enfants ont perdu un bras, une jambe, un œil — ou les quatre. Ces chiffres ne sont pas des statistiques : ce sont des êtres humains.
Des personnes handicapées, des personnes âgées, des nourrissons n’ont plus accès ni à la nourriture, ni aux soins, ni à l’eau potable. Des centaines de milliers de Gazaouis sont désormais mutilés, affamés, terrorisés. Et les rares médecins encore debout n’opèrent plus avec des outils chirurgicaux mais avec des ciseaux rouillés, à la lueur d’un téléphone.
Les télévisions du monde entier diffusent des images atroces : enfants asphyxiés sous les décombres, familles entières déchiquetées dans les ruines de leur maison, nourrissons mourant lentement de malnutrition, vieillards déshydratés appelant à l’aide depuis des tentes en feu.
Des pédiatres, chirurgiens, anesthésistes occidentaux ayant travaillé à Gaza — américains, britanniques, français, sud-africains — ont lancé des appels à l’ONU, à leurs gouvernements, à leurs confrères. Leurs mots sont glaçants : « Nous avons vu des enfants mourir, sans morphine, sans pansement, sans lumière. »
Les ONG internationales – Médecins Sans Frontières, Oxfam, Save the Children, Amnesty International, Human Rights Watch – dénoncent un blocus total qui affame délibérément une population entière, une stratégie assumée de punition collective, et l’utilisation de la famine comme arme de guerre, en violation flagrante du droit international humanitaire.
Pourquoi ce silence ? Pourquoi ce mutisme coupable des États ? Pourquoi ce deux poids deux mesures, cette divisibilité du droit international ? Gaza ne compte-t-elle pas parce qu’elle est arabe, musulmane, palestinienne ? Ce sont des êtres humains. Des enfants, des femmes, des civils innocents.
Ce qui se passe aujourd’hui dépasse le génocide. Cela dépasse l’horreur des camps nazis. Cela dépasse l’Holocauste, le Rwanda, Srebrenica, Sabra et Chatila, Falloujah, Hiroshima.
Nous disons NON. Non à la barbarie, non à l’oubli, non à la complicité.
Nous appelons :
– Au respect immédiat du droit international humanitaire, des Conventions de Genève, du Statut de Rome et de la Déclaration universelle des droits de l’homme ;
– À la protection urgente des civils, du personnel médical, des journalistes, des ONG ;
– À l’ouverture immédiate et durable de corridors humanitaires sûrs ;
– À la fin de l’impunité pour les crimes de guerre et crimes contre l’humanité ;
– À une mobilisation universelle pour arrêter cette horreur.
Rappelons que :
– L’Article 3 commun aux Conventions de Genève interdit les atteintes à la vie et à l’intégrité des personnes civiles.
– L’Article 54 du Protocole I additionnel interdit d’affamer les civils comme méthode de guerre.
– L’Article 6 de la Charte des Nations Unies prévoit l’exclusion d’un membre qui viole systématiquement ses principes.
– La Déclaration universelle des droits de l’homme, dans son article 3, garantit le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté.
– L’article 25 reconnaît le droit à un niveau de vie suffisant, incluant nourriture, soins et logement.
Ce que nous voyons aujourd’hui n’est pas seulement une guerre : c’est l’effondrement du droit international, de la conscience mondiale.
Il est encore temps de sauver ce qu’il reste de notre humanité. Le silence n’est plus une option. L’Histoire nous jugera.
La seule et unique solution durable à ce massacre passe par la reconnaissance pleine et entière des droits du peuple palestinien à vivre libre, en sécurité, dans un État souverain, reconnu par la communauté internationale, avec des frontières claires, aux côtés d’un État israélien également sécurisé.
La paix ne pourra jamais émerger tant que l’occupation israélienne des terres palestiniennes se poursuit, tant que les colons s’arrogent impunément le droit de détruire des vies, et tant que le droit à l’autodétermination du peuple palestinien est nié.
L’histoire l’a prouvé : jamais une résistance juste n’a échoué. Celle du peuple sud-africain, portée par Nelson Mandela, a triomphé de l’apartheid. Celle de l’Inde, menée par Gandhi et soutenue par Nehru, a mis fin à la colonisation britannique. Celle de la France libre, incarnée par le général de Gaulle, a refusé l’oppression nazie.
Comme le disait Nelson Mandela : « Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une manière qui respecte et renforce la liberté des autres. »
Gandhi rappelait : « La civilisation, c’est le respect de la dignité humaine. »
Martin Luther King déclarait : « L’injustice, où qu’elle se produise, est une menace pour la justice partout dans le monde. »
Jawaharlal Nehru affirmait : « La paix ne peut être obtenue par la force. Elle ne peut être atteinte que par la compréhension. »
Et Abraham Lincoln soulignait : « Ce n’est pas parce que nous sommes divisés que nous tombons, c’est parce que nous refusons de rester unis. »
Ce que vit aujourd’hui le peuple palestinien est une blessure ouverte infligée à l’humanité tout entière. Refuser de reconnaître leurs droits, c’est renoncer à la paix pour tous.
Il est encore temps d’écouter l’Histoire. Encore temps de faire triompher la justice, la dignité et la paix.
Car seule la justice peut engendrer la paix. Et seule la reconnaissance mutuelle des droits des peuples peut garantir un avenir de sécurité pour tous.
Dans notre jeunesse, lorsque nous lisions dans les livres d’histoire les atrocités commises par les barbares ou les nazis, nous nous demandions comment le monde moderne avait pu tolérer de telles violations. Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de lire ces récits : nous les vivons.
La famine est devenue une arme de guerre utilisée par un État voyou et ses alliés contre une population entière. Des enfants meurent non seulement sous les bombes, mais aussi par la faim. Le silence complice de nombreuses puissances et instances internationales aggrave encore davantage ce drame. L’histoire ne pardonne jamais. Elle se souvient, elle juge et elle condamne.
Ce que nous demandons, ce que nous réclamons, ce que nous exigeons, c’est un monde où Palestiniens et Israéliens puissent vivre côte à côte, libres, égaux, en sécurité, dans la dignité et la reconnaissance réciproque.
Il est encore temps de sauver ce qu’il reste de notre humanité. Le silence n’est plus une option. L’Histoire nous jugera.
Par Idir OUGUINDI
Enseignant des Sciences Économiques et Sociales, Consultant en Développement Inclusif et Handicap, Lauréat du Prix de la Société Civile Marocaine 2022, Lauréat du programme IVLP 2024 du Département d’État des États-Unis d’Amérique
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