Société

Rapport: « discriminations flagrantes » contre les étrangers au Maroc après la déclaration de l’état d’urgence sanitaire

Un rapport récent sur « la réalité des discriminations au Maroc depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire » a révélé que les étrangers étaient plus touchés dans cette période, car ils ne pouvaient pas respecter certaines des mesures de lutte contre le virus en raison de leur statut et de leur situation personnelle, et qu’ils avaient besoin d’une protection renforcée et d’un soutien médical et sanitaire particulier.

Arrestations extrajudiciaires

Le rapport, qui a été réalisée par le Conseil civil de lutte contre toutes les formes de discrimination, indique qu’au cours de cette période, un grand nombre d’étrangers ont été arrêtés et détenus sous le couvert de l’état d’urgence sanitaire et en dehors de tout cadre légal.

Le rapport souligne que ces pratiques ne remontent pas seulement à la période pandémique, mais que les autorités y avaient eu recours auparavant, notamment dans le cadre de la lutte contre la migration clandestine et du contrôle des frontières, ajoutant que « l’état d’urgence sanitaire était comme un prétexte qui permettait de justifier d’une autre manière d’anciennes pratiques ».

Le rapport a révélé qu’entre mars et décembre 2020, 490 étrangers, pour la plupart originaires d’Afrique de l’Ouest et du centre du continent, ont été arrêtés, notamment dans les villes de Tanger, Laayoune, Rabat, Dakhla et Nador, dont 22 mineurs et 6 femmes.

Dans le même contexte, 283 d’entre eux ont indiqué que leur arrestation était sous prétexte de violation de l’état d’urgence sanitaire, tandis que d’autres personnes ont déclaré que leur détention était justifiée par les mesures de lutte contre le coronavirus. Le rapport, dont Al-Omk Almaghribi a reçu une copie, indique que 311 personnes, après leur arrestation, ont été privées de leur liberté dans des centres appartenant à différents secteurs ministériels dans les villes de Laayoune, Rabat, Asilah et Bir Gandouz, et leur détention se justifiait principalement par la nécessité de les protéger de la pandémie, mais ils ne l’étaient pas.

Cette détention n’est encadrée par aucune procédure légale selon les personnes interrogées, qui n’ont été informées d’aucune décision. Dans le même contexte, le rapport sur les droits de l’homme a enregistré que sur 311 personnes, 211 ont dû passer un test PCR, sans obtenir leur consentement explicites, malgré le fait que les conditions sanitaires dans les lieux de détention n’ont pas permis de se protéger de la propagation du virus, ni en maintenant des conditions minimales d’hygiène.

Selon la même source, 22 étrangers ont été arrêtés et détenus pendant la période de quarantaine, tandis que certains d’entre eux sont restés dans leurs lieux de détention pendant une période qui a dépassé la période de quarantaine, notamment dans la ville de Laayoune.

Difficultés à obtenir des informations

Parmi les formes de discrimination pointées du doigt par le Conseil civil de lutte contre toutes les formes de discrimination, figure la difficulté d’obtenir des informations liées à l’évolution de la situation sanitaire et les différentes mesures prises par le gouvernement pour limiter la propagation de la pandémie, car la langue a été le premier véritable obstacle du moment que la plupart des documents délivrés par les sources d’information officielles n’étaient initialement disponibles qu’en arabe.

Selon le rapport, les non-Marocains ont rencontré de grandes difficultés pour obtenir le certificat de mobilité exceptionnelle, et les non-arabophones, n’ont pas pu accéder aux informations dans les premières étapes de la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la pandémie, ou ont obtenu des informations tardivement. Ils ne savaient pas non plus comment obtenir un certificat de mobilité exceptionnelle, qui au début n’était disponible qu’en arabe.

L’irrégularité de séjour de certains étrangers, ajoute le rapport, a constitué un obstacle majeur à l’approbation par les autorités du certificat.

Les associations affiliées au Conseil civil contre toutes les formes de discrimination ont relevé de grandes difficultés pour accéder aux programmes de soutien gouvernementaux, les citoyens non-marocains étaient exclus malgré leur plus grande vulnérabilité.

Le rapport a relevé que des citoyens non marocains, pour la plupart originaires d’Afrique de l’Ouest et du centre de l’Afrrique, étaient soumis dans certains endroits à des formes flagrantes de discrimination, alors que des témoignages recueillis par le Conseil civil, à Rabat, Nador et Agadir, faisaient état de difficultés d’accès aux services de santé pour les étrangers à la peau noire, comme « ils étaient regardés d’un mauvais œil ».

Le rapport ajoute qu’ils ont pu faire face à un refus de soins, car ils étaient considérés, par avance, comme porteurs du coronavirus, notant qu’à Nador, et en l’absence de soutien et d’accompagnement des associations, l’accès aux soins hospitaliers est devenu difficile. D’une manière générale, le rapport indique que les personnes résidant dans des camps ou à la périphérie des villes sont empêchées de se déplacer et ne peuvent pas accéder aux centres de santé ou aux hôpitaux, notant que deux femmes étrangères coincées dans une forêt à Nador n’ont pas pu atteindre l’hôpital et ont dû donner naissance à leurs bébés dans la forêt.

Dans le même contexte, le Conseil civil, dans son rapport, a appelé les autorités publiques à respecter les lois de non-discrimination , et à prendre en compte les particularités et la réalité de certains groupes lors de l’adoption des mesures prises dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire. Le Conseil a recommandé de « garantir le droit d’accès à l’information, en publiant des informations exactes et claires dans un délai raisonnable, et en communiquant sur les mesures prises dans le cadre d’une urgence sanitaire dans les différentes langues ».

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