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Déchets ménagers: Un nouveau modèle de gestion veut impliquer davantage le citoyen

ENVIRONNEMENT – Un programme de mobilisation nationale pour un nouveau modèle de gestion des déchets ménagers et assimilés au Maroc a été lancé, hier, à Casablanca. Il sera généralisé à partir de la semaine prochaine. A l’origine, quatre partenaires: l’Alliance marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD), l’Observatoire de protection de l’environnement et des monuments historiques de Tanger (OPEMHT), la Coalition pour la valorisation des déchets (COVAD) et l’Association des enseignants des sciences de la vie et de la terre AESVT-Maroc.

“Les partenaires ont travaillé, pendant plus de quatre ans, sur des projets différents. Ils ont décidé, par la suite, de capitaliser leurs expériences après avoir analysé les politiques publiques territoriales en matière de gestion de déchets”, explique au HuffPost Maroc le président de l’AESVT- Maroc, Abderrahim Ksiri. Leur volonté commune s’est traduite par un programme novateur qui remet en question tout un système, celui de la gestion des déchets. “Notre programme que nous lançons ouvre, en fait, le débat sur cette question et tente de trouver de nouvelles pistes permettant d’améliorer le modèle”, souligne-t-il.

Un programme en quatre volets

Composé de réseaux et de coalitions alliant des organismes institutionnels et privés, ainsi que la société civile, ces quatre partenaires ont convenu d’un programme de différents volets dont le premier pas a été le lancement d’un cycle de conférences. “Le premier a eu lieu, jeudi dernier, sur l’économie circulaire en matière de gestion des déchets ménagers assimilés. Nous l’avons organisé devant la faculté privée de médecine de Casablanca pour montrer que la gestion des déchets touche directement à la santé du citoyen”, tient à préciser Abderrahim Ksiri.

Les partenaires ont aussi réalisé trois guides sur la base des données collectées notamment des études dans le domaine. Deux guides ont été distribués alors que le troisième le sera bientôt. 9000 exemplaires en totalité seront distribués. En parallèle, une exposition baptisée “Coproduction de la propreté” a également été inaugurée. “Le programme se décline en trois axes. Le premier concerne les cycle de formation qui se pencheront également sur l’aspect valorisation énergétique, le recyclage et le compostage des déchets”, explique le président de l’AESVT-Maroc.

Ensuite, ce sera autour de “la communication mobilisation” (2e axe). Les partenaires prévoient de rencontrer 5000 associations et syndics à travers les quartiers de toutes les régions. Et dans le même objectif de sensibilisation, l’exposition précitée fera le tour de 18 centres d’éducation à l’environnement afin de toucher environ 50.000 bénéficiaires. 6000 exemplaires de cette exposition seront dédiés à autant d’établissements scolaires et universitaires, ainsi qu’aux associations et maisons de jeunes.

“Nous comptons, après, réaliser des capsules de sensibilisation qui seront mises en ligne sur les réseaux, car nous voulons toucher le public le plus large”, soutient-il.

Avec le même esprit, mais pour une toute autre cible, les partenaires lanceront un plaidoyer, le 3e axe du programme. “Notre plaidoyer se déroulera aussi sous forme de cycles avec les parlementaires, les ministères, les communes”, précise Abderrahim Ksiri. L’une des composantes de ce plaidoyer porte sur la révision de la loi  28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination. “Ceux qui ont conçu la loi ont considéré que les déchets sont des ordures qu’il faut jeter dans des décharges. Mais cette économie linéaire a démontré ses limites et on est, aujourd’hui, appelé à aller vers l’économie circulaire”, estime le président de l’AESVT-Maroc.

Le rôle de l’élu 

Cette transition semble, pour les partenaires, une nécessité. “Le problème ne vient pas du citoyen, il vient de l’approche et du soutien. Des études ont montré que dans des quartiers qui ne sont pas aisés à Casablanca et à Tétouan, par exemple, les citoyens ont adhéré au tri sélectif des déchets”, souligne Abderrahim Ksiri. Et de constater que “les élus croient, qu’au niveau territorial, ils doivent jouer le rôle d’ingénieurs, de technocrates et qu’il suffit de travailler sur des cahiers des charges, des sociétés privées et de chercher des crédits. Mais ce n’est pas ça!”.

Dans ce modèle de gestion des déchets ménagers et assimilés, le rôle d’un député, pour les initiateurs, se trouve étroitement lié aux comportements des citoyens. “On ne peut pas travailler dans tous les quartiers de la même manière. Il faut adapter chaque approche aux caractéristiques de chacun. Et c’est là où doit intervenir le député. Mais avec les cahiers de charges, on ne fait que bloquer le changement et l’innovation”, estime le président de l’AESVT-Maroc. Et de souligner que “tout effort de recyclage signifie, pour les communes et les sociétés délégataires, une diminution du tonnage à la décharge, ce qui impacte leurs ressources.

Mais face au problème du manque de décharges, et aux risques que représente l’enfouissement des ordures, il faut inéluctablement adopter un nouveau modèle. “Pour nous, le citoyen est la clé du changement. Il faut corriger les conceptions en prenant en compte ce principe”.

 

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