Économie

Le Maroc pourrait sortir gagnant de la crise mondiale, selon l’expert Hicham Benfedoul

L’expert en économie et finance Hicham Benfedoul s’est exprimé au micro d’Al Omk Al Maghribi pour livrer son analyse sur la situation de l’économie marocaine. Il estime que l’économie nationale, à l’instar de l’ensemble des économies au niveau international, souffre un peu de la conjoncture, notamment après le Covid et maintenant avec la crise en Russie. Mais, il souligne que « dans la crise y a toujours possibilité de sortir gagnant. Donc l’idée, ce n’est pas, ce n’est pas de subir la crise, mais réfléchir comment profiter de cette conjoncture justement. Et le Maroc a une économie assez solide pour pouvoir en profiter ».

Comment le Maroc pourrait sortir gagnant de cette crise?

D’abord parce que le Maroc, n’oublions pas que c’est une économie stable. C’est une économie certes qui dépend un peu du marché international, notamment d’un point de vue carburant et beaucoup d’importations. Mais en même temps, les fondamentaux sont assez stables. Donc le Maroc peut profiter soit par l’export, notamment des produits de phosphates, de l’industrie automobile, de l’industrie agroalimentaire. Donc, il y a moyen de profiter de cette crise.

Est-ce que la hausse du taux directeur affectera les ménages?

L’augmentation du taux directeur. n’a pas d’impact immédiat parce qu’il y a ce qu’on appelle la chaîne de transmission. Il faut un peu de temps pour que les banques puissent mettre en exergue cette augmentation des taux. Quand on parle des ménages, il ne faut pas oublier que l’augmentation du taux directeur, c’est l’augmentation des taux d’intérêt quand il y a augmentation de taux d’intérêt. Il faut l’avoir en deux composantes. Il y a l’augmentation des taux d’intérêt liés à l’emprunt, c’est à dire aux crédits, ce qui peut impacter négativement la demande intérieure. Mais il y a l’augmentation aussi du taux d’épargne. Ce qui peut impacter positivement les ménages qui épargnent. Donc, l’augmentation du taux d’intérêt dans sa composante empreinte, c’est à dire le crédit et l’impact de la demande intérieure, c’est à dire toute la demande financée par crédit. Donc on va, on va la faire baisser. Par contre, les ménages qui épargnent doivent normalement profiter de cette hausse du taux d’intérêt. Ceci dit, les banques, en tant qu’institution chargée de la réglementation et de la supervision prudentielle des banques, devra s’assurer que cet impact positif lié à l’épargne soit aussi significatif que l’augmentation des taux d’intérêt liés à l’emprunt. Donc, les ménages, de toute façon, seront impactés. Ceci dit, les ménages sont concernés par ce qu’on appelle le pouvoir d’achat et la question du pouvoir d’achat n’est pas liée seulement aux taux d’intérêt. Il faut voir un peu cette inflation comme étant une augmentation générale des prix. C’est bien ça, mais il faudra voir de quoi est composé les prix. De quoi sont composés les prix? Chaque prix compte, il faudra qu’on l’étudie. Le prix à la production n’est pas le prix à la consommation. Qu’est ce qui se passe entre le prix à la production jusqu’à ce que le prix à la consommation? L’augmentation des prix n’est pas nécessairement liée à un phénomène d’inflation, qu’elle soit importée ou d’inflation domestique. Le problème, c’est de voir un peu de quoi est composé ce prix. Est ce que le taux d’intermédiation fait augmenter les prix beaucoup plus que d’autres phénomènes économiques? Il fau faire de la recherche scientifique sur la question. Il faut que les chercheurs marocains s’intéressent à la question de la composition des prix pour pouvoir comprendre justement l’inflation et notamment de la partie inflation sous jacente, c’est à dire tout ce qui touche l’inflation à long terme.

Est-ce que la hausse du taux directeur pourrait freiner l’inflation?

Une augmentation de 50 points de base ne va pas agir de façon très significative sur l’inflation au Maroc. La question de l’inflation est beaucoup plus complexe que ce que ce puisse la faire baisser. Je pense pas que ça soit une question d’une augmentation du taux directeur qui va avoir cet impact généralisé sur les prix. Le phénomène est beaucoup plus complexe et nécessite d’autres politiques publiques autres que le Parlement. Vous savez, il y a une discipline dans l’économie qui s’appelle les fondements microéconomiques de l’intervention publique. Il faut revenir justement à voir quels sont les fondements microéconomiques d’une intervention publique. Et quand on parle de l’intervention publique, elle n’est qu’une institution parmi d’autres. Il faut le faire. Il faut voir d’autres aspects, notamment budgétaires la question des impôts, la question des taxes, la question de l’aide, la compensation, tout ce qui touche le pouvoir d’achat pour pouvoir améliorer le quotidien des ménages.

Est-ce que la situation est alarmante?

Savait il y a deux ou trois ans. Quand les journalistes demandaient au Wali de Bank Al Maghirib comment fairepour augmenter l’inflation? Parce que le monde économique, notamment les entreprises, espérait une petite augmentation de l’inflation. Il disait toujours que ce n’est pas ce pas la politique monétaire qui fait augmenter l’inflation, c’est le marché, c’est la confrontation entre l’offre et la demande qu’il faut augmenter l’inflation. Donc, si l’inflation est alarmiste, on dit que l’inflation galopante normalement, quand elle atteint des des niveaux à deux chiffres, quand on dépasse les dix, elle devient très inquiétante. C’est pas seulement alarmiste si vous voulez. Ce n’est pas à cause du niveau des taux d’intérêt. L’inflation, c’est alarmiste, c’est fait pour autre chose. Il faut se demander pourquoi les prix augmentent aussi vite. Certes, il y a l’augmentation des carburants, mais je pense que le taux d’inflation annuel est de 60 % 69. Quelque chose comme ça? Mais il y a aussi les produits alimentaires, il y a les meubles. Et à la construction, il faut, il faut voir l’ensemble des prix qui forment justement cette inflation pour voir. Qu’est ce qui est alarmiste? Est ce que c’est la composition lubrifiants et carburants qui est alarmiste? Est ce que c’est l’alimentation? Mais à un moment donné, il faut freiner cette inflation, ça c’est sûr. Là, nous sommes à quasiment huit, c’est beaucoup.

Le Maroc peut-il réussir le défi de l’approvisionnement vu la rareté des matières premières?
Vous savez, le Maroc, elle a fait ses preuves durant la pandémie. N’oublions pas que qu’il s’agisse de masques ou de vaccins qui n’étaient pas, qui étaient plus que rares de par le monde, pas seulement en Afrique ou en Europe. C’est une question mondiale. Et pourtant, le Maroc a pu s’en sortir. Au point même que plus de 90 à 1 moment donné, des vaccins qui existent sur le continent africain étaient au Maroc. Donc le Maroc est capable largement de par sa politique de faire face à ce défi. Il faut rappeler qu’il y a une décision qui a été prise par Sa Majesté le Roi lors de l’ouverture du Parlement l’année dernière, en octobre et le 8 octobre 2004. Si j’ai bonne mémoire ou on parlait de quatre souverainetés, il y a la souveraineté sanitaire, la souveraineté énergétique. La souveraineté industrielle et la souveraineté alimentaire. Ce sont des choses prises en considération à hautes sphères au Maroc par la politique publique. Et comme le Maroc a fait ses preuves sur tout ce qui est proactif, c’est à dire avant même que la crise arrive, nous avons toujours pensé à trouver des solutions. J’ai totalement confiance dans la politique publique marocaine pour faire face à cette rareté des denrées, surtout des denrées non produites au Maroc.

 

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