Politique

Un réseau marocain enregistre une augmentation des décès causés par les piqûres de scorpions au Maroc et appelle l’Institut Pasteur à reprendre la production de sérums

La Réseau Marocain pour la Défense du Droit à la Santé et du Droit à la Vie a enregistré une augmentation du taux de décès causés par les piqûres de scorpions, considérant cela comme un problème de santé publique au Maroc.

Elle a expliqué que ce phénomène nécessite essentiellement la reprise de la production de sérums par l’Institut Pasteur du Maroc et le renforcement de son rôle en tant qu’institution publique à but non lucratif dans la production de vaccins, de sérums et dans le développement de la recherche scientifique.

Le réseau a déclaré dans un communiqué que les cas d’exposition aux piqûres de scorpions et aux morsures de serpents augmentent avec la hausse sans précédent des températures dans plusieurs régions du Maroc, atteignant parfois plus de 45 degrés.

Elle a souligné que cette chaleur aggrave le cauchemar de la peur et de l’anxiété parmi les familles marocaines quant au danger d’exposition de leurs enfants ou de membres de leur famille aux venins de ces reptiles meurtriers qui se propagent dans les régions montagneuses, désertiques, sableuses, forestières et près des rivières.

Le communiqué a expliqué que les jeunes enfants et les personnes âgées sont les plus susceptibles de souffrir de complications graves suite à une piqûre de scorpion, notamment l’insuffisance cardiaque ou respiratoire, qui peut survenir quelques heures après la piqûre.

Elle a fait référence aux accidents survenus récemment dans les communes d’Anif dans la province de Tinghir, de HaHha à Essaouira, de Qal’at al-Saraghna, Rahamna, Tiznit, Sidi Ifni, Errachidia, Ouarzazate et Zagora, ayant entraîné la mort de certains des blessés en raison d’un traitement tardif.

Le réseau a indiqué que les décès surviennent principalement dans les régions où l’accès aux soins médicaux est limité, en raison du retard de l’intervention médicale d’urgence et de la mise en place d’un protocole de traitement spécifique.

Selon certaines recherches, le Maroc abrite plus de 50 espèces de scorpions, dont 22 sont dangereuses et réparties sur tout le territoire national, en particulier les serpents et les scorpions dont les venins ne laissent souvent que peu de temps à la victime, ajoute la même source.

Face à la spécialisation et à la pénurie, le réseau affirme que les proches des victimes recourent souvent à la médecine traditionnelle et aux traitements rudimentaires pour les piqûres de scorpion, sans succès, car un grand nombre de patients, en particulier les enfants, décèdent en raison de l’absence de sérums ou d’éloignement de l’hôpital.

Efforts insuffisants

Malgré une diminution du taux de décès causés par les morsures de serpents depuis 2013, suite à la mise en œuvre de la Note Ministérielle N°1/CAP/2013, qui prescrit l’utilisation du sérum antivenin, la situation épidémiologique des empoisonnements et des décès causés par les piqûres de scorpions au Maroc reste préoccupante et dangereuse face à l’augmentation des cas mortels.

Selon le même communiqué, les piqûres de scorpions occupent la première place parmi les intoxications, selon les données du Centre Anti-Poison et de Pharmacovigilance du Maroc.

Le réseau a cité près de 25 000 cas d’intoxication par les piqûres de scorpions, entraînant environ 80 décès, dont 95 % sont survenus chez des enfants de moins de quinze ans. Le Centre marocain a enregistré 310 cas de morsures de serpents et moins de 9 décès.

Au niveau mondial, on enregistre environ 6 millions de morsures de serpents et de piqûres de scorpions, la plupart en Afrique, en Asie et en Amérique latine, dont 50 à 75 % nécessitent un traitement par des sérums thérapeutiques pour éviter la mort de la victime, l’amputation d’un membre ou des troubles nerveux graves.

Le réseau marocain estime que malgré les efforts du Centre Marocain de Lutte contre l’Intoxication et la Pharmacovigilance en matière de prévention et de réduction des taux de décès en fournissant les médicaments essentiels et nécessaires pour sauver les patients et fournir les premiers soins, ils restent insuffisants en raison de plusieurs facteurs.

Parmi ces facteurs, le communiqué cite l’absence de sérums anti-venin, le manque de financement, la pénurie de ressources humaines qualifiées, le nombre limité de centres hospitaliers, ainsi que l’absence de moyens de transport qui devraient être fournis gratuitement par les collectivités rurales pour fournir de l’aide aux personnes en danger.

Institut Pasteur

Contrairement à certaines théories et justifications non scientifiques concernant la faisabilité de la production de sérums contre les venins de scorpions au Maroc, le communiqué affirme que plusieurs pays ont produit des sérums thérapeutiques et surveillé leur qualité, conformément à la recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé du 10 janvier 2017, concernant la production de sérums anti-venin, afin de réduire les décès et de sauver la vie des victimes.

Le réseau a expliqué que l’Institut Pasteur du Maroc travaillait à la production de sérums contre les venins de scorpions conformément aux normes de qualité requises en termes d’efficacité et de sécurité, en surveillant la conformité aux normes de qualité et de sécurité dans la production de sérums thérapeutiques locaux.

Selon la même source, l’Institut a réussi à sauver les patients avec la plus petite dose possible et a réussi à produire des sérums et des vaccins depuis sa création, conformément au décret royal N°176-66 du 23 juin 1967 organisant l’Institut Pasteur en tant qu’établissement public produisant des sérums locaux et des vaccins.

L’Institut dispose d’experts et de cadres de haute qualité ainsi que d’un Centre de Sérums et de Vaccins. Il forme les cadres de ses laboratoires aux paramètres critiques de production de sérums thérapeutiques anti-venin de scorpions et de serpents et à l’analyse chimique et immunologique des venins de scorpions et de serpents et au développement d’antidotes et à l’analyse et à l’évaluation de leurs composants.

Le communiqué a expliqué que l’Institut avait la responsabilité de préparer et de produire des sérums de haute qualité répondant aux besoins du Royaume et des pays africains sur demande. Cependant, tous ces services de production de produits de santé ont été interrompus pour des raisons non scientifiques, préparant ainsi l’élimination définitive de l’Institut Pasteur du Maroc pour permettre au secteur privé de prendre le relais et de privatiser cet établissement scientifique public relevant du Ministère de la Santé, qui a une réputation scientifique internationale.

À cet égard, le réseau marocain a appelé à soutenir et à renforcer l’Institut Pasteur en tant qu’établissement public afin qu’il puisse jouer pleinement son rôle dans le système de santé national, la politique de santé publique et la recherche scientifique, dans le cadre d’une réforme globale du système de santé national et de la réouverture du service de production de sérums hautement spécialisés et efficaces pour neutraliser les venins de serpents et de scorpions.

Elle a également demandé la réouverture des unités de production de vaccins, le soutien à la recherche scientifique, l’amélioration des conditions de vie et de travail des cadres et compétences travaillant à l’Institut Pasteur du Maroc, conformément à une loi fondamentale spéciale. L’organisation démocratique des employés et des cadres de l’Institut Pasteur du Maroc a également appelé à cela.

Le communiqué a recommandé la création de mécanismes de coordination entre l’Institut Pasteur du Maroc et le Centre Marocain de Lutte contre l’Intoxication et la Pharmacovigilance, dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre les intoxications dues aux piqûres de scorpions, de serpents et d’insectes nuisibles, ainsi que des intoxications alimentaires, médicamenteuses et environnementales.

Elle a souligné que cette coordination consiste à constituer une équipe d’experts pour la recherche scientifique, l’évaluation et la consultation, à faciliter l’utilisation de technologies modernes dans les laboratoires et à créer des annexes régionales et des centres pour les chevaux et le commerce, à fournir les ressources financières nécessaires pour les opérations de production de sérums locaux, et à élaborer un plan national de pré-détermination de l’efficacité des sérums thérapeutiques.

Le réseau a proposé l’organisation et le financement de programmes de sensibilisation et d’éducation à la santé, tant dans les écoles que par le biais des médias visuels, auditifs et écrits, pour sensibiliser au danger des animaux venimeux, aux méthodes de prévention et aux techniques de premiers secours en cas de piqûres de scorpions ou de morsures de serpents.

L’une des mesures et des actions les plus importantes à cet égard, selon le communiqué, est la coordination et la coopération entre toutes les parties et administrations concernées, des groupes de santé territoriaux aux collectivités territoriales, en passant par les entreprises de nettoyage, l’agriculture, l’eau, les forêts, la jeunesse et la société civile, dans le cadre d’un plan national efficace et solide.

Elle a insisté sur la nécessité d’organiser des campagnes de lutte contre les insectes, les scorpions et les serpents domestiques en été pour prévenir les piqûres de scorpions et les morsures de serpents, et éviter l’utilisation de méthodes traditionnelles qui entraînent souvent des complications accélérant la mort de la victime.

 

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